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Charlie Le Mindu, inspiré par Jackson Pollock, couvre le cheveu de peinture pour son exposition parisienne

Coiffeur/couturier, Charlie Le Mindu est connu pour manier le cheveu naturel comme une matière textile. Habituellement il les dresse en casques à écailles, en gigantesques corolles ou en drapés sculpturaux. Mais pour son retour sur le devant de la scène artistique parisienne, avec l'exposition "JIZZZ" à l'Alfalibra Gallery, il a préféré comme supports la photo et la peinture. Découverte.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Charlie Le Mindu, exposition Jizz, avril 2019
 (Courtesy of Charlie Le Mindu)

Chapelier fou, coiffeur ou styliste pour cheveux ? Charlie Le Mindu vénère cette matière. Ces réalisations, jaillies de son imaginaire teinté de culture underground, surprennent, parfois dérangent, mais ne laissent pas indifférent. Après ses expositions "Charliewood" au Palais de Tokyo en 2016, "The Charlie Show" au Centre Georges Pompidou en 2017 ou sa performance “Dusting to Dust” à la galerie Goswell Road à Londres en 2017, il revient sur le devant de la scène artistique parisienne avec l'exposition "JIZZZ" à l'Alfalibra Gallery.

Vous êtes de passage pour l'exposition ou est-ce un retour à Paris ?

-Charlie Le Mindu : Never come back ! Je suis là exclusivement pour deux projets artistiques complètement différents et nouveau. Le premier à l'Alfalibra Gallery avec cette exposition de photos, en collaboration avec Jérome Lobato, et de quelques sculptures. C'est la première fois que j'expose en 2D et je trouve que cet espace s’y prête vraiment. Mon deuxième projet artistique est une collaboration avec le chirurgien plastique Dr Nicolas Zwilinger pour un changement total de corps.

Cette exposition tranche avec vos productions passées, plutôt décoiffantes ?

-C'est seulement une vision différente et un update de moi-même. 

Son obsession du cheveu est ici traité différemment, on est passé du happening à l'art contemporain. Un grand totem chevelu blond couvert de giclures de peintures de couleurs accueille le visiteur. Il n'est pas sans évoquer les personnages des précédants spectacles de Charlie Le Mindu. Sur les murs blancs de la galerie sont accrochés des photos de crânes prises de très près (c'est de la macrophotographie), sont aussi collés de grands wallpapers que l'artiste in situ a retravaillé avec des splash de peintures colorés ou fluorescents, qui ont dépassés l'oeuvre initiale en éclaboussant les murs. Ce travail sur les giclures - en rupture totale avec sa production artistique passée -  s'inspire de l’expressionnisme abstrait du peintre américain Jackson Pollock.
 

Charlie Le Mindu, exposition Jizz, en avril 2019
 (Corinne Jeammet)

En quoi l’expressionnisme abstrait de Jackson Pollock, vous a inspiré ? 

-Dans sa texture, son côté punk et le lâcher prise.


Charlie Le Mindu, exposition "Jizz", avril 2019
 (Courtesy of Charlie Le Mindu)

Les photographies - réalisées en collaboration avec le photographe Jérome Lobato - apportent un regard différent sur le travail du cheveu en se couvrant de matières colorées. Cette exposition avant-gardiste offre un mélange expérimental, puissant et visuel. Dans l'obscurité du sous-sol de la galerie se cachent quelques sculptures en cheveux fluorescentes (une tête, une méduse, un nuage...) pour une expérience immersive entre fluo et underground. 
Charlie Le Mindu, exposition Jizz : sculpture fluo, avril 2019
 (Valentin Le Cron )

Vous avez beaucoup voyagé (Berlin, Londres), qu’avez-vous fait ces deux dernières années ?

-Je suis parti à Los Angeles et ensuite j'ai décidé de déménager à New-York avec mon ami artiste Kevin William Reed, dont une des sculptures que nous avons faite en commun est visible à la galerie Alfalibra (le nuage vert fluo, ndlr)."

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Du petit salon familial à Bordeaux à Harrods à Londres

C’est à 13 ans que cet artiste en herbe fait ses classes dans un petit salon familial près de Bordeaux. Il y apprend les techniques de base du métier mais il aspire à plus de liberté. À 15 ans, il intègre un salon de coiffure punk : "On rasait tout ce qui rentrait dans le salon, les humains, les animaux, tout !"

Le ton est donné, place à la créativité. Attiré par le monde de la nuit, il part à Berlin, capitale européenne des milieux alternatifs. Il n’a que 17 ans, ne parle ni l’allemand ni l’anglais mais qu’importe. Il écume les restaurants chics français et les clubs gays de la capitale allemande en proposant ses services aux clients. C’est à cette période qu’il rencontre la chanteuse canadienne Peaches, dont l’extravagance va le séduire en même temps que l’inspirer. A 21 ans, il taille la route pour Londres, "une ville où tout est possible". Frustré de ne travailler que sur la tête, il crée sa collection et présente son premier défilé de haute coiffure à 22 ans : "Le cheveu, c’est comme de la fourrure, ça peut être un vêtement très chic. Sauf qu’on ne fait de mal à personne !". 

Charlie Le Mindu en avril 2019 lors de son expo parisienne Jizzz
 (Valentin Le Cron)


Des shows toujours très décoiffants 

En 2009, il lance sa première collection de perruques et la présente sur le catwalk dans le cadre de défilés ou à l’occasion de concerts sous formes de costumes exubérants. Il considère le cheveu comme une parure comparable au vêtement.

En 2013, il présente sa collection haute coiffure printemps-été 2013 "Métal Queen" dans le cadre de la Fashion Week parisienne. C’est un assemblage de coiffes et perruques élancées, étirées, sculptées portées sur des robes fourreaux et des bustiers ornés de tresses, de franges soyeuses ou de cascades de mèches.

En 2014, sa collection automne-hiver 2014-2015 fait l’objet d'un show délirant avec le Cabaret Paris Hait Gris dans le cadre des Soirées Nomades de la Fondation Cartier pour l'art contemporain.


En 2015, ses sculptures capillaires sont exposées à l’exposition Le Bord des Mondes. Un an plus tard, Charlie Le Mindu revient avec Charliewood au Palais de Tokyo pour un spectacle hors norme déroutant.

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