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Aux Pays-Bas, les grands-mères tricotent les créations de jeunes designers

C'est le pari d'un projet qui allie deux points forts néerlandais, l'esprit d'entreprise et la cohésion sociale. A l'heure où la maille fait son retour dans les défilés, les jeunes créateurs, qui n'ont pas toujours le savoir-faire manuel que détiennent leurs aînées, font appel aux mamies.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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Aux Pays-Bas, le concept "Granny's Finest": quand les créateurs rencontrent les mamies tricoteuses
 (MAUDE BRULARD/ AFP)
Dans une maison de retraite de la banlieue de Rotterdam (Pays-Bas), une salle a été mise à disposition d'un "club de tricotage" qui rassemble le jeudi une vingtaine de dames âgées de 58 à 85 ans. "Je crois que celui-ci, ça sera ma prochaine réalisation", s'enthousiasme Willy Mollenaar en montrant un bonnet d'épaisse laine anthracite. Le modèle a été dessiné par une créatrice de mode néerlandaise juste diplômée de l'Académie des arts de La Haye.

Une fois tricoté, le bonnet est vendu dans une boutique de Rotterdam, "Granny's Finest" (Le Meilleur de Mamie) fondée par Jip Pulles, 31 ans et Niek van Hengel, 27 ans. "Je rendais visite à mon grand-père dans une maison de retraite et je voyais toujours une vieille femme qui tricotait", raconte Niek van Hengel. "Elle n'avait pas de famille ou d'amis pour qui tricoter mais elle continuait parce que ça l'occupait et qu'elle trouvait ça chouette". Lui vient alors l'idée de combiner patrons modernes et techniques anciennes avec "Granny's Finest".

Leur seule rémunération, une photo du client portant le fruit de leur labeur
"Mes petits-enfants n'aiment pas porter ce que je tricote et je n'avais plus personne pour qui tricoter", raconte Willy Mollenaar.  "J'ai appris à tricoter à l'école et c'est très chouette à faire, c'est relaxant, mais c'est vraiment triste quand personne n'utilise ce qu'on tricote", explique-t-elle. Loes Wijnbergen assure, elle aussi, que "c'est valorisant quand quelqu'un achète et surtout porte ce qu'on a fait de nos propres mains". Elles font leur choix dans les propositions des créateurs de mode avant de se lancer dans la fabrication d'une paire de mitaines, d'une cravate ou d'un col tricotés.
"Je viens autant pour le contact social que pour les nouveaux dessins et le matériel de tricot ", confie Niza Rauws. "Ce n'est pas toujours évident de s'occuper et de rencontrer de nouvelles personnes quand on est âgé et à la retraite", assure-t-elle. Dans le magasin et par internet sont vendus bonnets et écharpes mais aussi bracelets, sacs et noeuds papillons, pour des prix allant de 25 à 145 euros.  

Cohésion sociale et contact créatif entre générations
Le projet, qui n'est pas encore bénéficiaire, est financé en partie par des subventions, notamment de la ville de Rotterdam ou des fonds encourageant la cohésion sociale. "C'est un bon projet pour faire se rencontrer jeunes et personnes âgées", indique le Fond Oranje, qui promeut la participation des projets de société. Le duo se défend d'exploiter des grands-mères désoeuvrées et solitaires: "le but premier du projet est social, c'est la cohésion sociale et le contact créatif entre générations", assure Niek van Hengel. "On valorise les compétences des grands-mères tout en leur offrant un lieu de rencontre".
Apprendre la base du métier pour les jeunes créateurs
Les créateurs, souvent des jeunes qui débutent dans le métier, voient dans le projet un "moyen de se faire un nom tout en apprenant la base du métier en travaillant avec les grands-mères", assure Annemarije van Harten, 28 ans. Une autre créatrice, Rosanne van der Meer, 33 ans, veut se développer dans le tricot : "j'apprends vraiment beaucoup au contact des grands-mères, comment faire des dessins qui conviennent, les techniques appropriées". "Bon, c'est sûr, parfois, elles n'ont pas les mêmes goûts et ne sont pas convaincues des dessins", rigole-t-elle. 

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