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Au Palais Galliera, découvrez la garde-robe de l'exubérante comtesse Greffulhe, muse de Proust
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 06/11/2015 11:18
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
Marcel Proust emprunta sa garde-robe, ses manières, son allure pour imaginer la duchesse de Guermantes dans "A la recherche du temps perdu". A découvrir 50 modèles griffés Worth, Fortuny, Babani, Lanvin... manteaux, tenues d’intérieur, robes de jour et du soir, accompagnés d’accessoires, de portraits, de photographies et de films. Après le Palais Galliera, l'exposition ira au FIT à New York.
Corinne Jeammet
Velours noir, applications de soie ivoire en forme de lys rebrodées de perles et de paillettes métalliques. Réalisée par son couturier attitré Worth, cette robe est avant tout une « création» de la comtesse Greffulhe. Elle présente une coupe « princesse », sans couture à la taille, inhabituelle pour l’époque, mettant en valeur la minceur de celle qui la portait. La berthe, sorte de col, qui pouvait se replier en ailes de chauve-souris constitue une allusion à l’animal tutélaire de son oncle Robert de Montesquiou, tandis que le motif de fleurs de lys fait référence au poème que ce dernier avait composé en l’honneur de la comtesse.
(L. Degrâces et Ph. Joffre / Galliera / Roger-Viollet)
Vêtue de cette robe singulière, la comtesse Greffulhe attira tous les regards lors du mariage de sa fille Elaine, le 14 novembre 1904. La presse rendit compte avec précision de sa tenue : « […] fascinante jusqu’à l’éblouissement, dans une sensationnelle toilette d’impératrice byzantine : robe de brocart d’argent couverte d’artistiques broderies à reflets nacrés rehaussés d’or et de perles fines, ourlée d’une bande de zibeline. Splendide collier de chien et sautoir en perles fines. Immense chapeau en tulle argent bordé de zibeline, avec, de chaque côté, de volumineux Paradis, entre lesquels se dressait droit et fier, un énorme diamant brillant comme une grosse larme de joie irisée de soleil […] » (La Femme d’aujourd’hui, décembre 1904)
(Corinne Jeammet)
Tout à la fois robe de réception et tenue privée, cette robe d’intérieur a été portée par la comtesse pour recevoir ses amis intimes, en fin d’après-midi - d’où le nom anglais de « tea-gown », ou robe pour prendre le thé, que l’on donne à ce type de pièce. La comtesse choisissait volontiers un vert intense pour ses tenues mettant en valeur l’auburn de sa chevelure. Spectaculaire par ses immenses motifs, cette robe est caractéristique des créations de Jean-Philippe Worth, qui avait succédé en 1895 à son père, Charles Frederick, l’inventeur de la haute couture. Le fils affectionnait les tissus historicisants dont ce velours ciselé imitant les velours de Gênes de la Renaissance est un exemple somptueux.
(Stéphane Piera / Galliera / Roger-Viollet)
Beauchez, robe du soir, vers 1900. Velours de soie bleu nuit et marron, dentelle mécanique, mousseline de soie et tulle écrus, broderies de perles et paillettes
(Corinne Jeammet)
Jeanne Lanvin, robe du soir, été 1937. Natté noir recouvert de tulle noir, tarlatane noire
(P. Joffre et C. Pignol / Galliera / Roger-Viollet)
La comtesse Greffulhe s’est montrée fidèle à certains couturiers. Cette élégante robe de jour, mêlant des couleurs éteintes qu’elle affectionnait - en particulier le vieux rose - témoigne de son goût pour la maison Soinard. Cet établissement, oublié de nos jours, avait été le fournisseur principal de son trousseau dont une facture, datée de novembre 1878, est conservée dans le fonds Greffulhe aux Archives nationales.
(Julien Vidal / Galliera / Roger-Viollet)
(Corinne Jeammet)
Éventail offert à Élisabeth de Caraman-Chimay, lors de son mariage avec le vicomte Henry Greffulhe le 25 septembre 1878, par le comte et la comtesse de MontesquiouFezensac. Eventail en plumes d'autruche chinées, écaille brune, ornement argent ou vermeil dédoré, diamants, rubis et émeraudes.
(Julien Vidal / Galliera / Roger-Viollet)
Hellstern & Sons, paire de souliers, vers 1900-1910. Chevreau rose, noeud en velours noir, cuir crème et gold
(Galliera / Roger-Viollet)
La comtesse vécut la fin du Second Empire, deux Républiques, deux guerres mondiales, connut la Belle Époque, les Années folles, et régna sur le gotha durant un demi-siècle. La plus belle femme de Paris - tant d’allure que d’esprit – met en scène ses apparitions, sait se faire rare, fugitive et incomparablement fascinante dans ses envolées de tulle, de gaze, de mousseline et de plumes, ses vestes kimono, ses manteaux de velours, ses motifs orientaux, ses tonalités d’or, d’argent, de rose et de vert... Elle choisit ses tenues pour souligner sa taille fine et mettre en valeur sa silhouette élancée.
(Nadar / Galliera / Roger-Viollet)
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