Au diable les tabous ! Chantal Thomass joue l'"Impertinente", à Mulhouse
Impertinente, Chantal Thomass l’a été dès ses débuts avec sa marque "Ter et Bantine" et elle l’est restée avec sa marque éponyme au style plein de fantaisie et d’humour. Tant en prêt-à-porter qu’en lingerie, elle détourne certains codes vestimentaires. Elle décale. Elle réinterprète. Elle ose et elle séduit, avec audace, chic et élégance.
Chantal Thomass fut la première créatrice à faire défiler des sous-vêtements sur les podiums. Avec elle, la lingerie est devenue un accessoire de mode ; elle ne se cache plus, elle s’affiche. Grâce à elle, les dessous ont pris le dessus !
A l’entrée de l’exposition, quelques pièces de dentelle noire transparente, puis ensuite, vous serez libre d’explorer quelques thèmes récurrents, chers à la créatrice. Vous croiserez quelques femmes libérées des années 80 & 90, des amoureuses romantiques, des lolitas troublantes, de fausses ingénues, des femmes fatales et des soubrettes aguicheuses ainsi qu'une mariée bien délurée. Et tout cela dans une profusion de matières, de coloris, d’imprimés et d’accessoires.
"Histoires de femmes", la femme dans le textile de la 2nde moitié du 18e siècle à nos jours
Le Musée de l'Impression sur étoffes présente également l’exposition "Histoires de femmes" qui se penche sur ces destinées de femmes actrices, entreprenantes et influentes dans le domaine textile. Icônes de la mode, figures emblématiques, artistes de renom et créatrices de talent, aux destins parfois brisés.
Cantonnée à un rôle d’épouse et de mère, l'activité de la femme prend fin avec le mariage même si elle assiste son mari dans ses activités agricoles, commerciales, artisanales pour lesquelles elle constitue une main-d’œuvre gratuite. Cependant certaines travaillent comme domestiques ou employées en magasin. Au 18e siècle, avec la création des premières manufactures, elles occupent des tâches subalternes, mais aussi des emplois de dessinatrices et d'employées à la gravure des outils d’impression. Au 19e siècle, avec l’industrialisation, elles sont chargées de travaux traditionnellement masculins que la mécanisation leur rendait accessibles en exigeant moins de force physique dans les filatures.
Au 19e siècle, rares sont les femmes à se démarquer du statut d’ouvrière et à entreprendre une carrière. Thérèse de Dillmont est engagée par Dollfus Mieg & Cie, pour développer la vente des fils en éditant des livres destinées à former et guider le public dans la réalisation d’ouvrages employant des fils DMC. Elle possède en propre des magasins à Vienne, Londres, Paris et Berlin. En 1889, en se mariant, elle met fin à sa carrière.
Après la première guerre mondiale, un mouvement d’émancipation féminine se met en place. Les femmes créent des entreprises. L’exposition rend hommage aux femmes de la Wiener Werkstätte, mouvement artistique viennois, qui créent des étoffes imprimées destinées à l’habillement et à la décoration : Sonia Delaunay, Sophie Taeuber-Arp. Elles sont pionnières, respectivement de l’abstraction picturale et du mouvement dada. Avant sa disparition en 1979, Sonia Delaunay, pour qui la mode se révèle être un médium pour démocratiser l’art en donnant vie à ses œuvres, fait don d’une partie de ses étoffes au Musée de l’Impression sur Etoffes qui présente ces pièces rares. Gabrielle Chanel est aussi une figure emblématique et incontournable de ce virage sociologique. En effet, à partir du moment où Coco a investi le vestiaire masculin en 1910 pour rendre le tweed, le jersey, la marinière mais surtout le pantalon, accessibles à toutes, la féminité est entrée dans l’univers du vêtement.
Le XXe siècle marque une mutation profonde puisque la création textile devient essentiellement féminine. Employées dans des ateliers de dessins des usines textiles ou à la tête de leurs ateliers, les femmes vont fournir des dessins destinés tant à l’ameublement qu’à l’habillement. Andrée Brisson de Méré marque la mode des années 1950 à 1980 : elle va approvisionner les plus grandes maisons de haute couture. Elle collabore avec Christian Dior, Hubert de Givenchy, Yves Saint Laurent, Nina Ricci ou Paco Rabanne. Le domaine de l’ameublement est marqué par Paule Marrot, Primerose Bordier, Lizzie Derriey. Le textile accompagne l’évolution de la société et témoigne des transformations de valeurs et de goûts.
Expositions "Impertinente" by Chantal Thomass et "Histoires de femmes", la femme dans le textile de la seconde moitié du 18e siècle à nos jours, jusqu'au 9 octobre 2016. Musée de l’Impression sur Etoffes de Mulhouse. 14, rue Jean-Jacques Henner. 68100 Mulhouse. www.musee-impression.com
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