Cet article date de plus de huit ans.

A Galliera, le vêtement se raconte à travers celui qui le porte, anonyme ou célébrité

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Qui porte quoi ? C'est la question posée par le Palais Galliera à travers l’exposition "Anatomie d’une collection". Habit de cour, collet de Sarah Bernhardt, tailleur d'Audrey Hepburn en passant par le bleu de chauffe et l'habit de forçat, ces vêtements et accessoires revisitent la mode du XVIIIe siècle à nos jours. Anonymes et célébrités y sont à l'honneur jusqu'en octobre 2016.


Habit du Dauphin, gilet de Napoléon, robe de l’impératrice Joséphine, veste d’amazone de Cléo de Mérode, pantalon d’ouvrier, robe de George Sand, collet de Sarah Bernhardt, uniforme de zouave, salomés de Mistinguett, habit de forçat, chapeau-chaussure de Gala, tablier de travail, tailleur d’Audrey Hepburn, manteau d’Elsa Schiaparelli, robe de la duchesse de Windsor, pyjama du soir de Tilda Swinton... une centaine de pièces avec ou sans pedigree identifient ceux qui les ont portées. 
 (Corinne Jeammet)
Dès la première salle s’instaure un dialogue entre l’architecture du lieu et la scénographie de l’exposition : ici des socles-vitrines qui s’étirent, là des meubles qui s’évadent des boiseries, clin d’œil aux ingénieux rangements pour les articles de mercerie. Dans la grande galerie, des jeux de hauteurs et de profondeurs viennent briser la présentation linéaire tout en renouant avec l’esprit XIXe de ces anciennes collections privées qui exposaient sculptures, peintures et objets -vocation première du Palais Galliera avant sa reconversion en musée de la Mode. Traditionnellement en pierre, les socles sont revisités en bois noir, à l’instar des boiseries in-situ ; l’esprit classique de l’accrochage est subtilement chahuté avec des piétements portant haut les mannequins dont les tiges s’étirent et se déploient.  
 (Corinne Jeammet)
Les vêtements incorporent un peu du vécu de leur propriétaire. Par leur forme, le contact étroit entretenu avec l’enveloppe charnelle, ils constituent comme un double de celui qui les a portés. Voici un monde d’objets souvenirs, de vêtements-reliques. Luxueux ou anodins, voire usés ou rapiécés, ils nous font toucher à l’être même de la personne qui les a portés, tous ont une égale valeur mémorielle défiant le temps de l’humaine condition.
 (Corinne Jeammet)
Depuis l’avènement de la haute couture, au milieu du XIXe siècle, comédiennes, actrices, cantatrices, aristocrates, mondaines ou demi-mondaines constituent la clientèle privilégiée des couturiers, à la ville comme à la scène. Trendsetters avant l’heure, ces clientes lancent des modes, alimentent les potins ravissant un public friand des dernières nouveautés.
 (Corinne Jeammet)
À la fin du XIXe siècle, alors que Charles Frederick Worth habille les têtes couronnées, Jacques Doucet fait de la comédienne Réjane son ambassadrice. Depuis lors, les clientes de la haute couture, femmes du monde, du demi-monde ou de la scène élisent chacune leur couturier. Se distinguent alors des personnalités incarnant à elles seules l’image d’une maison. Certaines imposent une allure voire une silhouette. D’autres, fortes de leur complicité avec un couturier, créent un style qui, aujourd’hui encore, porte leur nom et fait référence en matière d’élégance. Toutes marquent de leur empreinte l’évolution des modes et de la haute couture parisienne.
 (Corinne Jeammet)
À la fin du XIXe siècle, Charles Frederick Worth comprit l’avantage de faire porter ses créations par son épouse qui devint la première mannequin-égérie de l’histoire de la mode. Au début du XXe siècle, Denise et Paul Poiret forment un couple uni par la création. De toute époque et de toute décennie, les couturiers et les créateurs de mode perçoivent dans une personnalité proche, épouse ou amie, une incarnation. Ces muses inspirent et lorsque du papier à l’atelier la robe est née, c’est sur leurs silhouettes qu’elle s’impose
 (Corinne Jeammet)
Aux garde-robes personnelles constituant le fonds Galliera, il faut ajouter les prototypes de défilés offerts par des créateurs et des maisons de mode – et ce, dès les années 1970. À la différence du vêtement quotidien sublimant la personnalité de celle ou de celui qui l’a porté, le prototype relève davantage d’une idée, voire d’un fantasme. Si au quotidien le vêtement est choisi pour mettre en valeur son possesseur, sur un podium le rapport s’inverse. Les modèles de défilés ne sont rien d’autre que le support mouvant de l’esprit du créateur. Souvent atypiques, ces prototypes ne descendent jamais dans la rue ; ils n’auront été portés que pour un unique passage, le temps d’un aller-retour, soit quelques minutes sous le feu des projecteurs
 (Corinne Jeammet)
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