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CORRECTIF : Non, le Musée Carnavalet n'abandonne pas tous les chiffres romains, Louis XIV ne deviendra pas Louis 14

Après le Louvre, le Musée Carnavalet a privilégié les chiffres romains aux chiffres arabes dans son parcours. Mais "pour les noms de rois, l’usage des chiffres romains a été conservé dans tous les textes du musée", a précisé le musée. Voici pourquoi Louis XIV ne deviendra pas "Louis 14".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Façade du Musée Carnavalet, à Paris.  (CHICUREL ARNAUD / HEMIS.FR)

[RECTIFICATIF. Nous rapportions hier, d'après une dépêche de l'AFP, que la presse italienne condamnait avec vigueur la décision du Musée Carnavalet à Paris de remplacer les chiffres romains par les chiffres arabes afin de faciliter la compréhension des visiteurs.

Le musée a fait savoir ce jeudi matin 18 mars, que cette information est erronée. "Pour les siècles, l’usage des chiffres arabes a été privilégié dans l’ensemble du parcours en français et en anglais, car les dates évoquées sont très nombreuses et cela permet d’homogénéiser les contenus", reconnaît le communiqué du musée parisien. "Ce choix correspond à des usages de plus en plus fréquents dans de nombreux musées à travers le monde. En effet, à l’exception des pays latins, les chiffres romains ne sont pas lus par de nombreux habitants de la planète".

En revanche, poursuit le musée, "pour les noms de rois, l’usage des chiffres romains a été conservé dans tous les textes du musée (textes de salle, cartels développés, cartels enfants, écrans, graphismes, etc.) à l’exception des dispositifs d’accessibilité universelle (donc s'adressant à un public en situation de handicap, NDLR) qui sont très spécifiques dans le parcours. (...) Pour près de 3 000 textes, cartels et contenus produits pour l’ensemble du nouveau parcours, 170 textes ont adopté une démarche d’accessibilité universelle". Nous présentons nos excuses à nos lecteurs].

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Les foudres de Rome s'abattent sur "Louis 14": plusieurs quotidiens italiens ont dénoncé mercredi 17 mars la décision du Musée Carnavalet à Paris de remplacer les chiffres romains par les chiffres arabes afin de faciliter la compréhension des visiteurs.

"La polémique : Louis XIV deviendra Louis 14", publie en Une Il Messaggero, le journal de la capitale italienne, tandis que le Corriere della Sera, principal quotidien de la péninsule, écrit également en première page un commentaire aussi lapidaire qu'éloquent : "Louis 14".

Alors que le Louvre a renoncé il y a quelques années à la numérotation romaine pour désigner les siècles, estimant que ses millions de visiteurs, souvent étrangers, les ignoraient, le Musée Carnavalet, consacré à l'histoire de Paris, a supprimé tous les chiffres romains dans la plupart de ses espaces. "Nous ne sommes pas contre les chiffres romains, mais ils peuvent être un obstacle" à la compréhension des oeuvres et des expositions, a expliqué Noémie Giard, responsable du Musée Carnavalet, citée par Le Figaro.

"Catastrophe culturelle en cours"

Massimo Gramellini, écrivain et vice-directeur du Corriere della Sera, fulminait dans l'édition de son quotidien datée du XVII/III/MMXXI. "Cette histoire des chiffres romains représente une synthèse parfaite de la catastrophe culturelle en cours : d'abord on n'enseigne pas les choses, puis on les élimine pour que ceux qui les ignorent ne se sentent pas mal à l'aise", écrit-il en première page, rappelant que "les obstacles servent à apprendre à sauter".

Dans les pages intérieures du journal, un autre intellectuel, Luciano Canfora, dénonce une "stupidité" participant "d'un fléau plus général, celui du 'politiquement correct'""Il serait souhaitable d'avoir une loi imposant l'analphabétisme obligatoire et le retour à la seule communication orale", ironise l'écrivain, historien et philologue, qui propose dans un premier temps de supprimer lettres minuscules et majuscules.

Pour le professeur d'histoire romaine Giusto Traina, cité par Il Messaggero, "le vrai problème n'est pas le public". "Non, le vrai problème ce sont ceux qui décident, les hommes politiques, les dirigeants locaux, ceux qui d'une certaine manière pensent 'on ne mange pas avec la culture'", dit-il.

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