Cet article date de plus de neuf ans.

Sylvain Tesson et Napoléon sur un side-car, un incroyable voyage

Sylvie Tesson est aimanté par la Russie. Le grand voyageur-écrivain entretient un rapport passionné avec ces terres. Après l'inoubliable "Dans les forêts de Sibérie", récit de son expérience solitaire durant six mois dans une cabane au bord du lac Baïkal, il nous convie à une autre aventure : 4000 kilomètres en side-car, entre Moscou et Paris, sur les traces de Napoléon et d'une armée en lambeaux.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'écrivain Sylvain Tesson lors de la dix-huitieme édition de la Forêt des Livres
 (BALTEL/SIPA)

Conjuguer une expérience quasi-sportive (la conduite d'un side-car soviétique "Oural" sur les routes glacées est loin d'être sans risque) et un récit historique, la retraite de Russie… on pouvait être sceptique. Mais Sylvain Tesson nous convainc de la justesse du projet dès les premières pages.

Entouré de personnages étonnants, le géographe Gras, le photographe Goisque et ses amis Vitaly et Vassili, il nous embarque dans un tourbillon où s'entremêlent carnets de voyages, ennuis mécaniques, récits historiques et cuites carabinées.

Transi de froid sur son side-car qui plafonne à 80 kilomètres/heure, Tesson décrit comme personne un paysage qui a "la gueule de bois". La glace, les congères, "les arbres qui croissaient de guingois". A peu de chose près sans doute, le décor de la déconfiture tragique de la Grande Armée, lancée dans un repli suicidaire. Jour après jour, elle "s'enfonce dans l'horreur". Napoléon a sous-estimé son principal ennemi, l'hiver. Sans le savoir, il a déjà perdu cette bataille invisible.

Ses hommes en haillons, "demi-squelettes", tombent les uns après les autres. Les survivants mangent leurs chevaux. "Le froid tua les plus faibles et rendit fous les autres. Les membres cassaient comme du verre" écrit Sylvain Tesson au passage de Borissov. Avec lui, on croise des fantômes un peu partout. Et notamment celui d'un Empereur aveuglé, parti avec près de 700 000 hommes et rentré seul à Paris. Prêt à repartir de zéro, à lever une nouvelle armée, après la pire boucherie de l'histoire.

De Moscou aux Invalides, en passant par la rivière Bérézina, Boridono, Wiazma ou Vilnius, Tesson aura passé 13 jours sur l'inconfortable machine pétaradante, grippée par une essence moins robuste qu'à Moscou. On sort de son récit étourdi et bouleversé.

"Bérézina – en side-car avec Napoléon" par Sylvain Tesson (Editions Guérin)

  • Sylvain Tesson a frôlé la mort l'été dernier, en faisant une chute d'une dizaine de mètres dans la nuit du 20 au 21 août alors qu'il escaladait la façade d'un chalet à Chamonix. Après avoir passé plusieurs semaines dans le coma, il a subi de multiples opérations. Il s'en sort avec "peu de séquelles" selon son entourage. "Il a une sale gueule mais intellectuellement ça va", a confié son père Philippe Tesson.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.