Salman Rushdie et Kamel Daoud : deux voix de la résistance aux Assises du Roman
Pour ouvrir les onzièmes Assises Internationales du Roman de Lyon, les organisateurs ont convié deux voix de la résistance. Salman Rushdie visé par une fatwa dès la sortie de son célèbre libre "Les Versets sataniques" en 1988 et Kamel Daoud, écrivain et journaliste, menacé de mort en Algérie, son pays d'origine.
Au coeur de la polémique et des menaces, les mêmes sujets délicats : la religion, la liberté, la laïcité et la théocratie.
Reportage : S. Adam / L. Crozat / L. Perimony / A. Gavin
Rushdie : la liberté de parole
Salman Rushdie est une figure emblématique de la littérature internationale. Son engagement pour la liberté d’expression fait de lui une figure de proue de la lutte contre l’obscurantisme. Il est l’auteur de onze romans et vient de publier chez Actes Sud "Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits", un conte merveilleux qui interroge notre vie contemporaine à la lumière de l’histoire et de la mythologie.Même s'il vit sous la menace d'une fatwa et sous protection policière, l'auteur des "Versets sataniques" est passé depuis longtemps à une toute autre prose mais dénonce toujours le danger de la prédominance de la religion dans la société actuelle.Karl Marx ou Mahomet, quand le texte est revendiqué comme sacré et comme une vérité sans faille, ça devient dangereux
La religion c'est mieux qu'elle reste en dehors de l'espace public car elle envahit tout. L'approche française qui est de garder un état vigilant laïque me paraît juste
Salman RushdieKamel Daoud : la parole libérée
Journaliste et écrivain, Kamel Daoud s'est enfuit de son pays d'origine, l'Algérie. Chroniqueur au Quotidien d’Oran il est accusé d’islamophobie pour avoir évoqué la misère sexuelle dans le monde arabe à propos des viols de Cologne.
Auteur de "Meursault, contre-enquête" (prix Goncourt du premier roman en 2015), il publie 182 de ses chroniques dans un livre titré "Mes indépendances". Aujourd'hui il écrit en français, raconte l'oppression politique et religieuse en Algérie et dénonce toutes formes d'intégrisme et oppose l'orientalisme à un discours antimusulman.Tout intégrisme est un refus du temps, on n'arrive pas à endosser le présent alors on remonte vers le royaume d'autrefois et la terre sacrée.
Kamel Daoud Pour lui, écrire est un acte d'urgence, parce que la voix est éphémère et l’écriture durable. "Ecrire comme acte d’insurrection, écrire parce que le silence serait inadmissible", dit-il.
Dans son ouvrage en forme d'hommage à "L'Etranger" de Camus, il témoigne avec vigueur des injustices et des dérives du monde.
C'est difficile d'être vivant et libre et il est important de le rappeler
Les Assises Internationales du Roman se poursuivent jusqu'au 4 juin 2017 aux Subsistances de Lyon et dans divers lieux culturels de la Métropole
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.