"Villa avec piscine" de Herman Koch : c'est noir mais c'est bon !
Marc Schlosser est un médecin généralise qui risque de changer à jamais le regard que vous portez sur le vôtre. Lassé des corps, des palpations, des champignons qui s'incrustent entre les doigts de pieds, il a développé une forme effroyable de cynisme. Ses descriptions sans fard des pathologies que traînent ses patients font froid dans le dos. Et, reconnaissons-le, elles sont aussi savoureuses.
Notre toubib s'apprête donc à vivre un sale quart d'heure, convoqué par le Conseil de l'Ordre, qui, visiblement, a accumulé contre lui un dossier accablant. Comment Marc en est-il arrivé là ? A-t-il commis une erreur médicale ? Ou sciemment envoyé Ralph Meier, un de ses célèbres patients, vers la tombe ?
Herman Koch va nous éclairer en revenant sur la rencontre du médecin avec le célèbre acteur de théâtre et de cinéma. Un tempérament, une voix qui porte, et aussi un regard lubrique qui n'échappe à personne. Marc, lui non plus, n'est pas dupe, mais il est sous le charme de son épouse Judith. Et les deux familles se rapprochent, jusqu'à passer des vacances ensemble. Ce sera donc un été dans la villa avec piscine louée par le comédien. Un été où tout va basculer pour Marc, sa femme et ses enfants. On en dira pas plus, afin de préserver le plaisir de lecture de tous ceux qui auront la bonne idée d'ouvrir ce livre.
L'auteur néerlandais est très habile, et sa construction fine nous tient en haleine. Surtout, son écriture vive plonge profondément dans les tréfonds de l'âme de Marc, débarrassée de toute prévention morale. Le médecin amer n'est pas un chic type, mais ce n'est pas non plus une ordure absolue. Il navigue, comme beaucoup, entre son aversion pour un monde qui le prend de haut et son instinct familial, son amour pour ses enfants. C'est noir, très noir. Mais jamais encombrant. Juste déstabilisant. Un régal. Pour cet été, par exemple.
"Villa avec piscine" par Herman Koch (traduit par Isabelle Rosselin) Belfond - 21 € - 380 pages
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