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"Un dimanche à Ville-d'Avray", le roman tendre et mystérieux de Dominique Barbéris

Le dixième roman de Dominique Barbéris, en lice parmi les six finalistes du prix Fémina,  prend pour décor une ville de banlieue parisienne, dont l'allure calme et cossue se teinte de mélancolie. 

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'auteure française Dominique Barbéris en 2010.  (ULF ANDERSEN / AURIMAGES / ULF ANDERSEN)

Le titre du dernier roman de Dominique Barbéris, Un dimanche à Ville-d’Avray, fait référence au film Cybèle ou les Dimanches à Ville-d'Avray, réalisé en 1962 par Serge Bourguignon. Ce film raconte la relation ambiguë entre Pierre, un ancien pilote de guerre, et Françoise, une orpheline de dix ans, alors que ce premier emmène la petite fille en balade tous les dimanches en se faisant passer pour son père. "Je me souvenais de la mélancolie du film et de son caractère un peu trouble", explique l’auteure lors d'une présentation à la librairie Mollat.

C’est le même parfum de mystère qui entoure le roman de Dominique Barbéris. Dans Un dimanche à Ville-d'Avray, en lice pour le Prix Fémina, l'auteure réunit deux sœurs dans le jardin d'un quartier résidentiel de cette banlieue parisienne bourgeoise. Entre son mari médecin et sa fille, l'aînée des soeurs, Claire Marie, a ce qu'on pourrait appeler "une vie rangée". Peut-être un peu trop pour la narratrice et son mari, deux Parisiens. Ce dernier "bourré de théories sur toutes sortes de choses", cache à peine la condescendance que lui inspire sa belle famille, "du pur Ville-d'Avray", commente-t-il.

"Une histoire très curieuse"

La vie de Claire Marie semble figée entre son quotidien d'épouse, de mère et son travail épisodique de secrétaire dans le cabinet de son mari."Qu’est-ce qui lui restait à attendre ? Qu’est-ce qui pouvait encore advenir ? Simplement que les heures la blessent, une à une ?". Mais ce dimanche, dans le jardin de Ville-d’Avray, Claire Marie fait une confidence : il y a quelques années, elle a rencontré un homme. "Une histoire très curieuse, a repris ma sœur, c’est vrai. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait". Le récit prend alors des accents de polar. Marc Hermann est venu consulter dans le cabinet où travaille Claire Marie. Il la "rencontre" une nouvelle fois dans la rue un mois plus tard et lui propose de prendre un verre. "Qu’aurais-tu fait à ma place, toi ? demanda ma sœur". D’autres rendez-vous suivront, mais Claire Marie est indécise. Car cet "inconnu", d’apparence respectable, n’est peut-être pas celui qu’il prétend être…

D'une plume précise et sensible, Dominique Barbéris raconte les tiraillements de ses personnages, entre désir et doute, curiosité et peur. Un grand soin est apporté aux décors : on se perd sur les chemins sinueux de la forêt de Fausses-Reposes et les gares du transilien prennent des allures inquiétantes. En écho au récit de Claire Marie, il y a les souvenirs d'enfance des deux soeurs à Bruxelles. Leurs premiers émois prennent les visages du héros du feuilleton Thierry La Fronde et du Rochester de Jane Eyre. Des inclinaisons romanesques qui ressurgissent à l'âge adulte, alors que tout semble joué, au hasard d’une rencontre, d’un désir qu'on ravive. "C'était ainsi, la vie ; on essayait de porter vaillamment ses rêves ou ceux des autres."

Couverture du livre "Un dimanche à Ville-d'Avray".  (Arléa)

Un dimanche à Ville-d'Avray, Dominique Barbéris (Arléa - 128 pages - 17 €)

Extrait

"Elle raccrocha, regarda le jardin, vit contre le mur les petits boutons verts, durs comme de jeunes tomates, et tandis qu'elle se tenait à la fenêtre, devant les camélias prêts à fleurir, un affreux chagrin la saisit, un chagrin qui l'empêchait de bouger, qui traversait le temps, qui venait, lui sembla-t-il, de très loin, des heures vides de l'enfance, d'une attente qui n'avait jamais cessé. Il lui coupa le souffle au point qu'elle n'arrivait plus à respirer."

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