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"Tandis que je me dénude" de Jessica Nelson : l'enfer d'une émission littéraire

Dans son nouveau roman "Tandis que je me dénude", Jessica L. Nelson plonge le lecteur dans les affres d'Angie, une jeune professeur de français qui vient de sortir son premier roman. Une heure trente de torture servi sur un plateau télé.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jessica Nelson invitée sur le plateau de France 3 Paris Ile de France pour son roman "Tandis que je me dénude"
 (France 3 / Culturebox)

"Tandis que je me dénude", le nouveau roman de Jessica L. Nelson est la cruelle expérience d'une romancière face aux médias. La jeune romancière connaît bien son sujet puisqu'elle est conseillère littéraire pour l'émission "Au Field de la nuit" sur TF1. Invitée sur le plateau de France 3 Ile de France, elle évoque cette histoire basée sur des faits réels. 

L'intimité a-t-elle encore un sens ?

Réseaux sociaux, écrans omniprésents, images à peine décryptées, le livre de Jessica Nelson pose la question de la notion d'intimité : "Je pense qu'aujourd'hui on vit dans un monde des faux-semblants, des apparences, c'est le miroir aux alouettes, il est urgent de revenir à une sincérité." 

Inspirée par ce qu'elle a vécu lors de la sortie de son premier roman, l'auteure met en scène une jeune romancière qui, se sentant épiée et jugée de toute part, met son coeur à nu le temps d'une émission, dévoilant ses contradictions et ses peurs aux autres invités, à l'animateur, au public, aux téléspectateurs et à son attaché de presse. Une réflexion sur l'image, le mal du XXIe siècle.

La solitude des écrivains

Chaque année, la rentrée littéraire est l'occasion de centaines de publications de romans, une dizaine d'entre eux cartonnent aux box office quand des milliers d'autres restent dans l'anonymat. La romancière évoque "une relative injustice" et ajoute qu'"il n'y a pas de place pour 700 romanciers à la radio ou à la télé. Les médias attendent un certain nombre d'auteurs qu'on suit à travers les années. Mais que faire de la grande majorité qui auront beaucoup de mal à accéder à tout ça. C'est toujours triste pour ces artistes qui restent dans l'ombre", regrette-t-elle.

Le pain grillé moteur de "La recherche du temps perdu" de Proust

Jessica Nelson est aussi éditrice et co-fondatrice des éditions des Saints Pères (2012), maison spécialisée dans la reproduction de manuscrits de grandes œuvres. Elle a publié récemment deux tirages originaux du célèbre ouvrage de Marcel Proust "A la recherche du temps perdu". L'un de couleur ivoire (non numéroté) au prix de 249 euros et l'autre dans un coffret vert limité à mille exemplaires.
Brouillons de Marcel Proust "A la recherche du temps perdu"
 (Editions les saints-pères)
Dans ces brouillons qui comptent au total 268 pages raturés et remplis de notes ont apprend notamment que la célèbre madeleine serait en fait du pain grillé. "On est entré avec délice dans les carnets de Marcel Proust et on y a lu que la madeleine était d'abord du pain grillé qu'il trempait dans du thé et qui fait naître le souvenir. Ensuite ça sera la biscotte et finalement la madeleine !"
  (Belfond)

"Tandis que je me dénude" de Jessica NELSON, Belfond 17 € - 240 p.

Résumé :
"Et si en revêtant un masque on en disait plus sur soi, parce que enfin on se sent libre ?"
Elle ne se dénude pas vraiment. Elle garde tous ses vêtements. Et pourtant, devant les caméras, cet auteur d’un premier roman aura l’impression d’être à découvert. Que tous – les invités du plateau, l’animateur, les téléspectateurs, le public ou encore son attachée de presse dans les coulisses – auront exploré la moindre parcelle de son corps et de son intimité, sans bienveillance aucune… Alors elle se fissure de l’intérieur, en direct. Et, tandis qu’elle s’effondre et se débat contre elle-même, consciente qu’elle est sans doute son pire ennemi, c’est son histoire qui se construit en un redoutable puzzle à mesure que se déconstruit son être.




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