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"Sérotonine" de Michel Houellebecq cartonne déjà en librairie

Michel Houellebecq, "l'enfant terrible" des lettres françaises, est de retour sur les étals des libraires avec un nouveau roman, "Sérotonine", ouvrage sombre et poignant, qui se vend déjà comme des petits pains.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Sérotonine" de Michel Houellebecq s'annonce déjà comme le carton de ce début d'année
 (THOMAS SAMSON / AFP)
Sur le site Amazon en France, le livre était n°1 des ventes vendredi en milieu d'après-midi. "C'est simple je n'ai vendu que ça depuis ce matin !", s'exclame une vendeuse de la librairie Delamain, près du Palais Royal à Paris. Même à la librairie des Halles à Niort, ville décrite dans l'ouvrage comme "l'une des plus laides" que l'écrivain ait connues, les lecteurs ont répondu présent : la moitié du stock disponible (100 exemplaires) était déjà vendue à 15H00. "Depuis ce matin on  a un défilé de caméras et autres, ça ajoute un peu de piquant au quotidien", se réjouit le libraire Antoine Pasquereau.

Un engouement immédiat dans les librairies françaises

À la librairie "Le Divan", à Paris (XVe), le dernier roman de Michel Houellebecq trône au milieu des boîtes de médicaments et des livres sur la santé. Le magasin n'est pas encore ouvert que plusieurs clients attendent déjà devant les vitrines. Chantal, 67 ans, est venue se procurer l'ouvrage dès l'ouverture . Cela fait "plusieurs jours qu'(elle) attend", car elle adore cet écrivain "pertinent, ancré dans le réel", son côté "nihiliste et sombre". "Il y a très peu d'auteurs qui ont une vision de la société", dit-elle. A quelques pas de là, Antoine Jourdan, retraité de 76 ans, se dit au contraire fatigué du tapage médiatique autour de la nouvelle sortie d'un écrivain qu'il juge "cynique". "Je ne le lirai pas, sauf si quelqu'un me convainc...".

Un homme lit "Sérotonine" dans une librairie parisienne
 (BERTRAND GUAY / AFP)
Même engouement à la petite librairie d'Odessa, près de la gare Montparnasse dans le VIe arrondissement de Paris. À peine la porte ouverte que la première acheteuse, baguette sous le bras, repart avec un exemplaire. Dix romans ont déjà été réservés sur les trente en stocks prévus par la libraire Sophie Lombard. "J'ai dû en recommander vingt hier," explique-t-elle, pour pouvoir "passer le week-end". Elle vend le deuxième à Jacques-Olivier Pô, 51 ans, un habitué qui lit "en flux tendu" et suit Michel Houellebecq depuis le début.

"C'est un bon agrégateur de signaux faibles," raisonne ce consultant qui dit lire quotidiennement Le Parisien et regarder le journal de Jean-Pierre Pernault sur TF1, représentatifs pour lui de l'univers du romancier. C'est son côté "paradoxal, urticant et déconnant" qui plaît à Jacques-Olivier Pô. "Je trouve qu'il est très français.". Les fans de Michel Houellebecq sont unanimes : c'est la dimension sociale qui les passionne et leur fait pousser la porte des librairies dès le premier jour des ventes. 

Un succès international

L'écrivain français contemporain le plus lu à l'étranger a choisi, selon son éditeur, d'observer "une stricte diète médiatique". Mais son roman constitue un événement de la rentrée littéraire d'hiver en France, mais aussi en Europe, où les ventes vont démarrer la semaine prochaine. Il sortira en allemand le 7 janvier, en espagnol le 9, en italien le 10 et en anglais en septembre. Flammarion a prévu un tirage exceptionnel de 320.000 exemplaires (le tirage moyen d'un roman en France se situe autour de 5.000). En Allemagne, son éditeur a prévu un tirage tout aussi exceptionnel pour un livre étranger : 80.000 exemplaires. En Espagne la première édition est de 25.000 exemplaires.
 
Le romancier n'avait rien publié depuis le polémique "Soumission", paru il y a quatre ans, le jour même de l'attaque contre Charlie Hebdo. Toutes éditions confondues, cet ouvrage s'est écoulé à près de 800.000 exemplaires dans le monde francophone. En Allemagne, "Soumission" a dépassé les 520.000 exemplaires. Le septième roman de Michel Houellebecq, 62 ans, plonge ses lecteurs au coeur de la France rurale et souffrante. Écrit des mois avant l'apparition des "gilets jaunes", le roman semble avoir anticipé ce mouvement qu'aucun responsable politique n'avait vu venir.  

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