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"Belle et bête" de Marcela Iacub : tout est bon dans "le cochon DSK"

Le Nouvel Observateur de cette semaine livre en exclusivité les premiers extraits du livre de Marcela Iacub "Belle et bête" où la juriste et spécialiste de la philosophie des mœurs, chroniqueuse à "Libération", raconte sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn. De l'art ou du cochon?
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Photo de la Une du Nouvel Observateur consacrée au livre de Marcela Iacub "Belle et bête"
 (Culturebox)

Marcela Iacub avait publié en janvier 2012 "Une société de violeurs ?", un livre où, en plein scandale du Sofitel, elle prenait la défense de DSK. A la suite de la publication de son livre, elle rencontre Dominique Strauss-Kahn. Un texto juste avant le premier rendez-vous donne le ton : "Toi qui aimes écrire, dis-moi ce que tu voudrais que je te fasse tout à l'heure." Marcela Iacoub entame une relation avec l'ancien président du FMI qui va durer 7 mois. Elle commence à écrire le livre dès le début de cette relation, et ne s'en cache pas.

Sainte Marcela

Dans l'entretien accordé au Nouvel Observateur - il n'y en aura pas d'autres a-t-elle prévenu, comme si elle anticipait les critiques qui ne manqueront pas de venir - la juriste explique les raisons de cette relation, cette "folie", dit-elle. Une enquête de terrain approfondie, première hypothèse. "Je voulais le sauver", deuxième hypothèse. "Je voulais mourir", troisième et dernière hypothèse. Elle ajoute "il se peut aussi que je ne connaisse pas encore la véritable raison".

DSK antidépresseur
 
Marcela Iacub justifie ainsi le fait d'en avoir fait un livre : "Je voulais tirer quelque chose d'universel de cette histoire". Elle ajoute qu'elle veut faire partager cette expérience, qui malgré les ennuis qu'ils lui ont valu, lui a fait le plus grand bien. "J'ai compris que je ne voulais pas mourir, que je préférais écrire et donc que je voulais vivre". Elle résume : "Je suis reconnaissante à la vie de m'avoir permis d'avoir une expérience pareille. Si horrible, si malsaine, si belle." Bref, curatives, les aventures sexuelles avec DSK …

La théorie du cochon

Tant pis pour ceux qui voulaient se repaitre des détails croustillants, dans le livre, tout est vrai, affirme Marcela Iacoub … sauf les scènes de sexe. Ce livre "mêle l'expérience intime et la réflexion théorique", nous dit le Nouvel Observateur. Un pretexte pour élaborer une théorie sur le cochon, "un artiste des égouts, un poète de l'abjection et de la saleté", un être ayant "un rapport au présent que les humains n'ont guère". Et il y a aussi du politique dans le cochon : "DSK m’a toujours semblé être franchement à droite, ce communisme sexuel auquel il aspire en tant que cochon me réjouit."

L'hymne au cochon

DSK ? "gros, moche, machiste, vulgaire insensible et mesquin". Un "caniche" avec sa femme, attaché à elle uniquement par l'argent. Un homme sans cœur. La preuve, quand  Marcela Iacub lui annonce qu'elle le quitte pour s'occuper de Lola, sa petite chienne, "l'amour de sa vie", il s'exclame : "Lola ? Mais qui est-ce?". Un homme laid, de corps et d'âme, mais un beau cochon, affirme la chercheuse du CNRS "Je tiens à préciser, à souligner, à répéter mille fois qu'il faudrait médicaliser l'homme, l'enfermer, le neutraliser, et sauver le cochon".

Marcela Iacub propose une méthode : "Tu abandonneras tes activités de Conseil, tes prêches auprès des banquiers, tu cesseras de vendre tes recettes miracles comme un marchand de tapis. Tu t'enfermeras pour écrire. Tu transformeras ton sperme en encre."

De l'art ou du cochon ?

Dans une lettre adressée à au Nouvel Observateur et publiée par Le Figaro, DSK s'est dit "saisi d’un double dégoût".  "Celui que provoque le comportement d’une femme qui séduit pour écrire un livre, se prévalant de sentiments amoureux pour les exploiter financièrement", et dit sa "nausée" à propos de "l'opération" du magazine. Il condamne une "atteinte méprisable à la vie privée et à la dignité humaine".

Anne Sinclair présente dans l'ouvrage de façon anonyme a dénoncé "un récit trompeur et fielleux de (leur) entrevue en se livrant à une interprétation diffamatoire et délirante de (ses) pensées". "Comment, pour des raisons mercantiles, le Nouvel Observateur a-t-il pu descendre aussi bas dans l'abjection ?", affirme-t-elle dans une lettre adressée à Laurent Joffrin, directeur de l'hebdomadaire, et Jérôme Garcin, responsable des pages culturelles, également publiée par le Figaro.fr. Elle se  réserve "de donner à cette affaire les suites qui conviennent".

L'oeuvre possède une "stupéfiante puissance littéraire" déclare Eric Aeschimann, en préambule de son interview de Marcela Iacoub. "L'expérience a transformé Marcella Iacoub en écrivain", nous dit Jérôme Garcin dans l'édito de ce gros dossier.  A voir…

Belle et bête, Marcela Iacub
Stock - 122 p. - 13,50 euros
 

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