"Personne ne disparaît" de Catherine Lacey : la fuite et le vertige
Un jour, Elyria a choisi de tout planter et de filer à l'anglaise, ou plutôt à la néo-zélandaise. Un billet d'avion pour Wellington où habite le poète bourru qu'elle a furtivement rencontré lors d'une soirée. Adieu mari, mère, voisins et habitudes en tous genres. La jeune New-Yorkaise traverse le pays en auto-stop, fait de drôles de rencontres, s'installe et se désinstalle, dort dans des jardins publics, semi-clocharde ou employée chez des néo-babas cools.
Le voyage est plein d'embûches et d'opossums, mais le plus frappant c'est ce qui se passe dans le cerveau de la fugitive. Elyria est partie sans bagages mais avec tous ses souvenirs. Et ça mouline sacrément, de ce côté-là, jour et nuit. Le suicide d'une sœur adoptive. Un mari chercheur et castrateur. Une mère alcoolique.
Elyria refait le film en permanence. Se regarde vivre, observe ses propres réactions avec un détachement aussi fascinant qu'inquiétant. Ses faits, ses gestes et ses pensées sont passées à la loupe. Les mots prononcés et les non-dits sont disséqués, analysés froidement.
Cette lecture est étourdissante. Ultra-lucide et parfois au bord de la folie, Elyria se fait en permanence des nœuds au cerveau, tout en conservant une belle dose d'autodérision. "Personne ne disparaît" réunit des caractéristiques a priori difficilement conciliables : exotique (le côté "écrivain voyageur"), introspectif, désespéré et souvent très drôle.
"Personne ne de disparaît" de Catherine Lacey (Actes Sud)
272 pages – 22,00 €
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