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"Palladium", le roman vrai, douloureux et haletant de Boris Razon

Pour son premier roman, Boris Razon s’est emparé d’une histoire incroyable, phénoménale : la sienne. L’histoire d’une vie qui s’échappe, sans que l’on comprenne pourquoi, d’une expérience glaçante et passionnante à la fois.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Boris Razon, auteur de "Palladium" (Stock)
 (PATRICK KOVARIK / AFP)

Lorsque « Palladium » commence, Boris est encore un homme debout. Ça ne durera plus très longtemps, mais bien sûr, il l’ignore encore. Ce printemps-là, à Zagreb, à Paris ou en Grèce, il mène une existence plutôt enviable, heureux en amour, professionnellement épanoui. Mais le décompte a commencé, les nuages sombres approchent doucement.

D’abord, cette sensation de malaise, ces douleurs qui se multiplient, cette difficulté à mettre des mots sur ce qui grippe. La tendance hypocondriaque de l’auteur n’arrange rien. Est-ce vraiment sérieux, tout ça ?

Et puis tout s’accélère, la maladie s’installe et prend le contrôle. Sondes, respirateur, ponctions, Boris est cloué sur un lit, bientôt incapable de bouger, paupières closes. Un cauchemar. Un grand mystère pour les médecins qui se relaient à son chevet. A-t-il avalé de l’eau de mer polluée, est-il attaqué par les toxines d’un poisson cru ? Les hypothèses s’enchaînent. Aucune ne fait vraiment l’affaire.

A bout de souffle 

Pendant que le corps médical s’agite, Boris a largué les amarres, plongé dans des délires profonds, intenses et violents. Sa femme Caroline, ses parents, sa sœur, se débattent au cœur de ses hallucinations. Tout s’enchaîne, rebondit, on se retrouve à bout de souffle, au côté de l’auteur qui fuit un danger pour en retrouver dix autres sur son chemin.

Après des semaines d’affrontements intérieurs et de fièvres, une lueur enfin. La mort n’a pas eu le dernier mot. Fragile et abîmé, Boris revient doucement à la vie, mais il n’est plus le même, profondément transformé par ce qu’il vient d’affronter.

Ponctué par les extraits de son dossier médical – qu’on se surprend à lire de façon détaillée, à la manière d’une enquête policière, espérant y trouver la clé du mal qui le ronge – le récit est cru, poussé par un souffle d’urgence, bouleversant combat contre la mort. Ce premier roman de Boris Razon se lit d’une traite, et laisse, bien après l’avoir refermé, un parfum étrange. Comme si le poison qui a failli avoir sa peau, avait irrigué les pages, laissant dans l’air un soupçon d’acidité.

 
« Palladium » de Boris Razon (Stock) 473 pages – 22 euros

Boris Razon travaille à France Télévisions, où il dirige les Nouvelles écritures et le Transmédia

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