Mort de l'écrivain Milan Kundera, "l'un des plus grands du XXe siècle", selon la journaliste et écrivaine Florence Noiville
"C'est vraiment un très, très grand écrivain qui nous quitte, l'un des plus grands du XXᵉ siècle", regrette le 12 juillet sur franceinfo Florence Noiville, journaliste au Monde, écrivaine de "Milan Kundera. Écrire, quelle drôle d’idée !"
Après la mort de l'écrivain tchèque, décédé mercredi 12 juillet à l'âge de 94 ans, elle rend hommage "avec une immense tristesse", à un auteur qui "a beaucoup fait progresser et merveilleusement théorisé l'art du roman".
franceinfo : Comment avez-vous ressenti cette annonce ?
Florence Noiville, journaliste au Monde : Avec une immense tristesse. C'est vraiment un très, très grand écrivain qui nous quitte, l'un des plus grands du XXᵉ siècle. J'ai eu la chance de le côtoyer ainsi que son épouse, et j'avais toujours été nourrie par son intelligence et sa culture à vous donner le tournis, mais aussi son côté extrêmement généreux, sensible, d'une sensibilité presque à fleur de peau. Il était amical et aussi discret. Pudique, simple. Un peu à rebours de la période que nous connaissons.
Comment pourrait-on le définir ? Comme un romancier ?
Lui se définissait comme romancier parce qu'on avait tellement voulu le mettre dans des cases tellement plus étiquetées, tellement voulu en faire un dissident de la Tchécoslovaquie. Quand il est arrivé en France, en 1975, et même avant, quand il a publié son premier roman en 1967, "La Plaisanterie", on voulait voir en lui un dissident, mais lui disait "non, ce n'est pas un roman politique, c'est un roman d'amour" et "ne me demandez pas si je suis pour ou contre tel régime ou de droite ou de gauche, je suis un romancier, point."
Pour Ariane Chemin, reporter au Monde et autrice d'"À la recherche de Milan Kundera", il a "fait redécouvrir le roman" à tout une génération…
Il a beaucoup fait progresser et merveilleusement théorisé l'art du roman. Pour Kundera, l'art du roman, c'est quelque chose de très actuel. C'est le lieu du doute, de la complexité des choses. Il dit qu'il y a une sagesse du roman, la sagesse de l'incertitude. Et ça, je crois qu'aujourd'hui, dans notre époque qui tranche, qui affirme de façon péremptoire, cette sagesse de l'incertitude, cette sagesse du roman, c'est précisément ce que l'on peut et ce que l'on doit, presque, retrouver dans son œuvre.
Qu'est-ce qui fait sa singularité ?
Quand on lit Kundera, c'est toujours clair, c'est toujours limpide et toujours fluide. On en sort plus intelligent. Si j'ai fait ce livre, c'est qu'au début, j'ai eu ce choc d'intelligence. Je me suis dit "voilà quelqu'un qui peut me parler de littérature, de musique, de peinture, de cinéma, de théâtre, avoir une réflexion sur l'histoire, la mémoire, l'oubli, et tout ça en jetant des ponts entre les savoirs de façon simple et tout à fait transparente". Et je me suis dit "on en sort plus intelligente".
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