Fête de la librairie indépendante : assurer une diversité éditoriale à l'heure d'Amazon
Samedi 27 avril, c'est la Fête de la librairie indépendante. Les 480 librairies qui participent à l'événement offriront à leurs clients une rose et le poème "Elle se fit élever un palais" de Paul Eluard. A cette occasion, nous avons rencontré trois libraires indépendants qui nous ont raconté leur métier, à l’heure du numérique et d’Amazon.
Dans la librairie des Abbesses, une petite boutique aux hauts murs couverts de livres, une idée est née il y a 21 ans : importer en France la Saint Jordi espagnole, fête traditionnelle où l'on offre chaque année un livre et une rose. Avec cette fête, Marie-Rose Guarnieri souhaite inciter les libraires français à parler de leur métier. A l'heure du développement de la vente de livres en ligne, cette initiative revêt une dimension plus militante. "J'ai voulu montrer qu'en France on a la chance d'avoir ce réseau de libraires indépendants". Plus qu'un commerce, les librairies indépendantes permettent, explique la libraire, de maintenir une "diversité éditoriale".
Une diversité qu'Erika, libraire à L'Attrape Cœur dans le 18e arrondissement, souhaite promouvoir particulièrement pendant cette journée. "Par notre métier, nous assurons la pluralité de la production littéraire. On défend les livres que l'on choisit de défendre et par notre nombre, on promeut un dynamisme culturel", avance-t-elle.
"La durée de vie d’un livre est aujourd’hui plus courte"
Une mission pas toujours facile, alors que l’augmentation de la production littéraire impacte le métier de libraire. "Comme il y a de la nouveauté toutes les semaines, un livre en chasse un autre. La durée de vie d'un livre est aujourd'hui plus courte", estime Samuel Thoyer, libraire à l'Atelier 9, située rue des Martyrs. Dans son magasin, les ouvrages restent en moyenne de 10 jours à 6 mois sur les étagères, avant d'être renvoyés chez l'éditeur s'ils ne trouvent pas preneurs. Même son de cloche chez l’Attrape Cœur : "On accorde finalement moins de temps aux livres pour qu'ils trouvent leur lectorat", explique Erika.
L’avantage d'être indépendant, c'est qu'on peut choisir de laisser un ouvrage sur les étagères, autant de temps qu'on le souhaite. Pour Erika, ce sera La loi de la mer de Davide Enia. De son côté, Marie-Rose Guarnieri a choisi pour la Librairie des Abbesses Le Lambeau de Philippe Lançon : "Ce livre est mis en avant depuis un an et il le sera encore pendant un an dans ma librairie. Je veux que tout le monde le lise car il est important", explique-t-elle.
Unis face à Amazon
Si les lecteurs sont sensibles à l'idée de soutenir les librairies indépendantes, leur manière de consommer a changé, impactant le quotidien des libraires. "Avant, les clients venaient en librairie et commandaient le livre si nous ne l'avions pas, quitte à attendre quelques jours. Aujourd'hui, il faut que ce soit rapide", avance Samuel Thoyer.
Pour que les clients ne cèdent pas aux sirènes d’Amazon, les librairies parisiennes se sont rassemblées en un réseau, Paris Librairies, dont le site internet permet aux acheteurs de savoir dans quelle librairie indépendante se trouve le livre qu'ils recherchent. "Ça commence à prendre", affirme Erika. "Souvent, les clients viennent car ils ont vu sur la plateforme qu'on a le livre en stock", explique-t-elle. Et si un client ne trouve pas le livre souhaité, la plateforme permet au libraire d’envoyer le client chez un confrère qui aura l’ouvrage en stock. "Faire 500 mètres, ce sera toujours plus rapide que de commander sur Amazon", souffle Samuel Thoyer.
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