Cet article date de plus de dix ans.

Romain Voog (Amazon) : "Oui, nous avons notre place dans cette industrie !"

Le géant américain Amazon est de retour au Salon du Livre, cette année. Une présence relativement discrète, concentrée autour de la plateforme d'autoédition numérique Kindle Direct Publishing. Dans cette interview à Culturebox, Romain Voog, président d'Amazon France, fait le point sur les relations entre son groupe et les professionnels français du Livre.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Romain Voog, président d'Amazon France
 (Amazon)
Vous revenez au Salon du Livre de Paris après l'avoir "zappé" l'an dernier. Pourquoi ce retour ?
Nous étions venus il y a deux ans, au moment du lancement du Kindle (la liseuse numérique d'Amazon) en France. Cette année, notre participation est essentiellement motivée par notre investissement dans l'autoédition, en plus du Kindle. Vous savez, l'autoédition Amazon, c'est un vrai succès en France : dans notre top 100 des meilleures ventes digitales, 35 sont des "autoéditées". Et certains de nos auteurs autoédités sont désormais contactés par des maisons d'édition qui veulent les diffuser en librairie et ailleurs…
Jacqueline et Jacques Vandroux, auteurs autoédités, présentent le livre "Au coeur du solstice" sur le stand Kindle-Amazon au Salon du Livre 2014
 (Culturebox)
Vous sentez-vous les bienvenus ici, dans la grande famille du livre ? Vous êtes les plus gros vendeurs… mais on vous regarde de travers, non ?
Nous sommes conscients d'être un vecteur de changement dans cette industrie… et beaucoup de personnes saluent ce changement. Il y a une partie qui est très positive. L'enrichissement culturel par l'autoédition, l'accès à la culture pour tous, la capacité pour chaque Français, où qu'il habite, d'accéder à notre catalogue français, 880 000 livres en stocks ! Nous sommes tout aussi fiers de participer au rayonnement de la culture française à l'étranger… Nous venons de soutenir la Journée de la Francophonie, en mettant en avant les auteurs francophones partout, que ce soit aux Etats-Unis ou au Japon. Nous pensons être aujourd'hui le premier distributeur de livres français dans le monde. Alors, oui, nous avons notre place dans cette industrie.

Quels sont vos rapports avec les éditeurs français aujourd'hui ?
Nous travaillons au quotidien avec les éditeurs, avec les auteurs, avec des milliers de lecteurs chaque jour. Nous sommes très fiers de ça !
  (Laurence Houot - Culturebox)
Personne ne conteste aujourd'hui votre position de "poids lourd" des ventes... Mais la France a préparé une loi anti-Amazon pour vous empêcher de faire une concurrence déloyale aux libraires de quartier sur les frais d’expédition. Et voudrait vous voir payer des impôts à la hauteur de vos gains… Vos relations restent tendues !
Les changements viennent d'abord du consommateur qui modifie ses habitudes. Quand, d'un coup, vous passez du catalogue d'à côté de chez vous à une offre sur toute la littérature mondiale, vous changez forcément. Les gens ont besoin de se réadapter, de se réajuster.

Vous demeurez la bête noire des libraires qui vous accusent de les asphyxier…
Mais vous savez, il y a beaucoup de libraires qui vendent sur Amazon, plus de 1000 ! Et des petits éditeurs, qui ne font pas partie de grands groupes, réalisent une grosse partie de leur chiffre d'affaire chez nous. Beaucoup d'éditeurs et de libraires prennent aujourd'hui la parole pour dire que sans Amazon, ils n'existeraient pas. Sans compter que beaucoup de clients qui achètent sur notre site vont retirer leur livre chez des libraires, qui sont souvent des points de retraits ! Il y a aujourd'hui une sorte d'imbrication de ces business. Et nous sommes très contents de pouvoir aider des petits libraires à se développer.
La plateforme Amazone de Chalon
 (DR)
Amazon vend de tout désormais… Quelle place garde le livre dans votre stratégie et vos projets ?
Au niveau mondial, le "média" (livre, CD, DVD…) représente 32% de notre chiffre d'affaire, contre 100% autrefois. Et en France, on a 28 "boutiques", dont une pour le livre… Néanmoins, ça fait partie de la culture d'Amazon et nous continuons à investir massivement dans le livre. Il y a un ou deux ans, nous avons décidé d'acheter tous les livres disponibles en France, d'en avoir au moins un exemplaire en entrepôt. Pour certains, nous n'en avons vendu aucun l'an dernier, mais ce n'est pas grave, c'est un investissement que l'on souhaite faire, pour apporter l'exhaustivité de l'offre à tous les Français. Ce n'est peut être pas économiquement intéressant, mais c'est l'un des rôles que l'on doit jouer.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.