Rencontre avec Jean-Baptiste Del Amo, toujours en lice pour le Goncourt 2016
En franchissant le portail du lycée de Cugnaux, Jean-Baptiste Del Amo revient aux sources. C’est là qu’il y a 17 ans, le jeune garçon a fait ses études secondaires, et surtout découvert la littérature. Jusqu’en première, Jean-Baptiste Del Amo avait plutôt des difficultés avec le système scolaire. Mais il découvre un jour les grands textes classiques. C’est la révélation. De tous les professeurs qui l’ont marqué, et accompagné, Jacques Bourbon se souvient : "Il avait à peine quinze ans, je trouvais que son style était précis et qu’il avait quelque chose à dire".
Aux lycéens de Cugnaux Jean-Baptiste Del Amo vient transmettre son expérience. Car pour lui, tout part d’une expérience. Celle qui a été déterminante pour la rédaction de son livre "Règne animal" est la visite d’une porcherie industrielle. La barbarie, l'absurdité, le martyre des animaux victimes de la course à la productivité, tout cela l'a profondément bouleversé.
Une fresque lyrique
"Règne animal" est une fresque, une épopée, qui suit sur un siècle l’évolution d’une famille de paysans. Ils possédaient deux cochons : ils se sont transformés au fil du temps en chefs d’entreprise. D’éleveurs modestes, ils sont devenus directeurs d’une usine à viande obsédés par le rendement. Un roman naturaliste qui dégage des odeurs, de sueur, de sang, de purin, un roman dérangeant où la souffrance exercée sur les animaux n’a d’égale que la souffrance que les hommes s’infligent à eux-mêmes. La souffrance animale, comme un miroir de la sauvagerie humaine.
Un livre militant
Cette réalité de la violence, Jean-Baptiste Del Amo la revendique pour mieux la stigmatiser. On connaît son engagement dans l’association L214 qui régulièrement dénonce la barbarie pratiquée dans les abattoirs. Et certains lui reprochent d’avoir écrit un livre militant, trop militant. Mais c’est sans doute le premier grand livre écrit sur la souffrance animale, signe d’un changement d’époque. Le statut des animaux a changé dans le code civil. Et s’il fut un temps où l’animal était méprisé, considéré comme un simple objet à notre disposition, il suscite aujourd’hui de l’empathie. Et comme le suggère le titre du roman de Jean-Baptiste Del Amo, nous faisons aussi partie du "Règne animal".
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