Raphaël Enthoven décortique nos petits objets du quotidien dans "Little Brother"
"Little Brother", le nouvel essai de Raphaël Enthoven paraît ces jours-ci chez Gallimard. Dans le sillon de son précédent ouvrage, "Matière Première", le philosophe analyse un corpus d'objets et d'habitudes qui gèrent notre vie quotidienne.
Invité sur le plateau de France 3 Paris Ile de France, l'écrivain détaille quelques exemples de son analyse. Sa première interrogation s'appuie précisément sur le rendez-vous auquel il est convié : LE journal du soir. Plus qu'une "grand-messe", il le nomme plutôt comme "une prière réaliste" à la manière du philosophe Hegel et se demande "pourquoi ça marche encore à l'heure du numérique ?". La réponse dans cette interview.
Orwell et Barthes en 128 pages
Petit clin d'oeil à Big Brother le héros maléfique du roman "1984" de George Orwell, dans "Little Brother", Raphaël Enthoven constate que nous sommes les victimes de notre propre petit régime.L'auteur de "Little Brother" sonde également notre rapport aux objets connectés. Asservies par la multiplication d'écrans, nos personnalités deviennent doubles ou se perdent parfois dans le narcissisme à outrance.On est entourés de merveilles et l'enjeu est d'éduquer le regard et d'apprendre à regarder ce qu'on a tellement l'habitude de voir qu'on ne regarde plus.
Dans la continuité de Roland Barthes et de ses "Mythologies", le philosophe-chroniqueur radio s'intéresse également à nos comportements affectifs que nous portons à certains objets à la mode. Ces petites choses banales qui guident nos achats comme un geste quasi spontané.Le selfie est une procédure de surveillance de soi par soi. On a remplacé le bonheur ou la tristesse par son spectacle.
Loin de tout passéisme ou de toute nostalgie, Raphaël Enthoven préfère "célébrer les choses et les êtres qui l'entourent".En adaptant la poupée Barbie aux diverses morphologies d'aujourd'hui on a tué la déesse !
"LiTtle Brother" de Raphaël Enthoven - Gallimard - 128 pages -11 €
En quoi le dessin d’une mouche au centre de l’urinoir fait-il de l’homme un mouton ? Pourquoi les gens qui font des "quenelles" tiennent-ils à montrer qu’ils ont le bras long ? D’où vient l’idée saugrenue de fin du monde ? Qui dira la tragédie du sac plastique à usage unique, que son immortalité condamne ? Comment se fait-il que chaque époque ait eu des gens pour dire que "c’était mieux avant" ? Quelle différence entre un twitto et un gladiateur, et entre le "mode avion" et le souverainisme? Que restera-t-il du vintage quand, dans quelques années, notre passé immédiat n’aura plus que des objets virtuels à offrir en chemin à ceux qui voudront, malgré la fin de l’histoire, partir encore à la recherche du temps perdu ? En un mot, comment échapper, face au monde et à ses objets, au triste sentiment de savoir ? En gardant à l’esprit que, contrairement à une idée reçue, quand l’imbécile montre la Lune, le sage regarde le doigt…
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