L'écrivain Philippe Claudel élu président de l'Académie Goncourt

L'Académie Goncourt, qui remet le plus prestigieux des prix littéraires français, a changé de président en portant à sa tête l'écrivain Philippe Claudel à l'issue d'une élection serrée.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Philippe Claudel au Festival international de littérature Joseph Conrad, à Cracovie (Pologne), le 25 octobre 2023. (DOMINIKA ZARZYCKA / NURPHOTO / AFP)

L'auteur des Âmes grises, 62 ans, a récolté cinq voix contre quatre pour un autre membre de l'Académie, Pierre Assouline. Tous deux étaient candidats pour succéder à Didier Decoin, 79 ans, qui cédait le poste après l'avoir occupé quatre ans. Didier Decoin avait lui-même succédé en janvier 2020 à Bernard Pivot, décédé le 6 mai. L'Académie n'avait pas prévenu qu'elle remplaçait son bureau lundi soir, alors qu'elle se réunit traditionnellement le mardi. Mais, a-t-elle précisé, certains de ses membres comptent se rendre aux obsèques de M. Pivot, prévues dans l'après-midi à Quincié-en-Beaujolais (Rhône).

On ne savait pas non plus avec certitude que Dider Decoin, prix Goncourt 1977, allait céder la présidence. Il l'avait seulement laissé entendre, en expliquant que la charge lui paraissait "lourde". En octobre, il confirmait ce que beaucoup savaient, à savoir que deux jurés étaient intéressés par le poste. "Claudel en a envie, Assouline aussi, mais je n'ai pas l'impression qu'ils ont envie de mordre pour ça", disait-il au Nouvel Obs. Philippe Claudel paraissait le favori de ce duel à venir, car il occupait le poste de secrétaire général, ce qui faisait de lui le dauphin naturel de Didier Decoin.

"Je vais essayer d'être un président démocrate, dont les jurés pourront être fiers. J'ai annoncé un mandat de cinq ans, au bout duquel je quitterai la présidence, mais aussi l'Académie", a déclaré le nouveau président lundi soir à L'Est républicain, le quotidien de sa région, la Lorraine.

Mandat de cinq ans

"Philippe Claudel est élu président par cinq voix contre quatre à Pierre Assouline", a détaillé l'Académie Goncourt dans un communiqué. Seuls neuf des dix jurés du Goncourt ont pu voter, car l'une d'entre eux, Paule Constant, 80 ans, a quitté ses fonctions. Elle "est désormais membre honoraire", a indiqué l'Académie. Les quatre prix Goncourt présidés par Didier Decoin ont donné lieu à une histoire assez mouvementée. Le premier, en 2020, décalé de plusieurs semaines à la fin novembre, a été remis à huis clos, en raison de la pandémie de Covid-2019, à Hervé Le Tellier pour L'Anomalie. Les deux derniers ont vu les jurés s'opposer frontalement pendant 14 tours, avec cinq voix contre cinq.

Le règlement prévoit dans ce cas que la voix du président compte double au dernier tour, ce qui a permis de couronner Vivre vite de Brigitte Giraud, en novembre 2022, puis Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, en novembre 2023. Les deux fois, Pierre Assouline était dans le camp des déçus, ceux qui auraient préféré attribuer le prix Goncourt à Giuliano Da Empoli pour Le Mage du Kremlin, puis à Éric Reinhardt pour Sarah, Susanne et l'écrivain. Camille Laurens a été élue secrétaire. Elle garde sa fonction de trésorière, par intérim, le temps de lui désigner un successeur.

Le retrait de Paule Constant libère un "couvert" au sein de l'Académie, comme on désigne les places de jurés. Celle-ci se réunit en effet chaque mois à Paris, au restaurant Drouant, le lieu où est remis le prix depuis 1914, à l'exception de l'édition 2020. Il faudra donc trouver un nouveau ou une nouvelle jurée.

Le prix Goncourt permet de remporter seulement un chèque de dix euros. Mais il garantit à son lauréat des ventes en centaines de milliers d'exemplaires de son roman.

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