Printemps de Bourges : "On vit dans un monde hybride, il n'y a plus de frontières entre les styles"
Gaël Faye et Magyd Cherfi, liés à vie grâce à la nomination de leurs deux romans dans la même liste pour le Prix Goncourt, démontrent au Printemps de Bourges que musique et littérature font front commun.
Musique et littérature font front commun ! Les succès littéraires exceptionnels de Petit Pays, de Gaël Faye, et Ma part de Gaulois, de Magyd Cherfi, montrent bien que les frontières s’évaporent peu à peu. On peut aujourd'hui être chanteur et écrivain. Car à la base il y a les mots. C’est ce qu’ont montré ces deux artistes devenus extrêmement populaires, en concert vendredi 21 avril au Printemps de Bourges.
Depuis septembre dernier, les deux auteurs sont liés à vie grâce à la nomination de leurs deux romans dans la même liste pour le Prix Goncourt. Cette affaire de légitimité, Magyd Cherfi, auteur de trois livres dont Ma part de Gaulois l’année dernière, et autant d’albums en solo en marge de l’aventure Zebda, l’analyse parfaitement. "Nous, immigrés algériens, on a le complexe de la langue", explique-t-il.
Pour ma mère, le français c'était le savoir et donc l'érudition, puisque si c'est pour être berger, autant se taire et être muet. Alors que parler français c'est avoir la possibilité d'être toubib et ne pas avoir un oppresseur au-dessus de soi.
Magyd Cherfià franceinfo
L'amour des mots en commun
Contrairement à Gaël Faye, venu du hip-hop, le Toulousain ne s’est jamais vu en chanteur. "D'aussi loin que je me souvienne, j'ai tout le temps été attaché aux mots. A 14 ans, je voulais déjà être Flaubert. Et le hasard m'a fait basculer dans la chanson", explique Magyd Cherfi.
Gaël Faye a quant à lui fracassé les frontières du genre avec un album, Pili pili sur un croissant au beurre en 2013, autour de l’identité, de la guerre, du déracinement et puis un livre donc, bouleversant, Petit Pays, couronné par les Prix FNAC et Goncourt des lycéens. "On vit dans un monde hybride. Il n'y a plus de frontières entre les styles. On s'influence de tout. Le monde est créolisé, enfin !" se réjouit-il.
Je crois qu'un artiste, lui ne se définit pas. C'est les autres qui le définissent. C'est un peu comme dans l'enfance. L'enfant qui naît, il ne sait pas s'il est blanc, noir, peu importe.
Gaël Fayeà franceinfo
Ce Printemps de Bourges, très littéraire, aura finalement montré qu’au centre du jeu, chanteur ou écrivain, il n’y a qu’une chose : l’amour du mot qui fait sens.
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