Dans "Press Reset", le journaliste américain Jason Schreier dévoile le "côté obscur" de l'industrie du jeu vidéo

Quatre ans après Du Sang, des larmes et des pixels, le journaliste américain Jason Schreier revient avec un nouveau livre qui analyse avec un oeil critique l'industrie du jeu vidéo : Press Reset, sorti le 3 mars chez Mana Books en France. Après avoir enquêté sur le "crunch" – de très longues périodes de travail typiques de l’industrie vidéoludique -, le journaliste de Bloomberg s'est penché sur les histoires de fermeture de studios de création de jeux vidéo.

Dans son recueil de témoignages, ce spécialiste du secteur gaming raconte les histoires tourmentées des salariés de certains studios de jeux vidéo nord-américains. Plusieurs acteurs majeurs de l'industrie, comme Ubisoft, Quantic Dream ou encore Activision-Blizzard ont été impliqués dans des affaires peu reluisantes : du surmenage, des projets avortés mettant en danger des centaines de contrats de travail ou encore des fermetures de studios travaillant sur des oeuvres qui ne verront jamais le jour.

Les parcours sont différents pour chacun des témoins, mais la conclusion est toujours la même : des licenciements abusifs et une industrie qui se pervertit. Franceinfo a interviewé Jason Schreier, qui nous parle du profond besoin de changement dans l'industrie vidéoludique.

Franceinfo Culture : Comment avez-vous su que vous vouliez écrire sur l'industrie du jeu vidéo ?

Jason Schreier : J'ai voulu être écrivain et journaliste depuis toujours, en quelque sorte. Depuis le collège et jusqu'à la fin de mon lycée, je me suis mis sur divers écrits jusqu'à ce que je trouve mon domaine de prédilection : le jeu vidéo. Le fait de parler de l'industrie du gaming d'aujourd'hui a été naturel.

Que voulez-vous transmettre à travers ce nouveau livre, après "Du sang, des larmes et des pixels" en 2018 ?

Je voulais juste parler un peu plus du "côté obscur" de ces industries. Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi ces entreprises ont fermé ? Pourquoi certaines personnes craquent ? J'espère pouvoir présenter, avec ce livre, quelques idées pour que les choses puissent changer. 

Avez-vous réussi à trouver facilement ces témoignages pour ce livre ?

Ce n'était pas nécessairement facile. Mais j'ai réussi à trouver des personnes très intéressantes et intéressées par le projet. Ce qui est très bien. Et je suis ravi d'avoir pu m'entretenir avec tout ce monde pour ce livre. C'était plaisant de juste se poser et écouter des histoires purement "humaines".

Avez-vous un témoignage qui vous a particulièrement marqué sur l'ensemble des enquêtes ?

Non. Je pense qu'ils sont tous basés sur de très bonnes et intéressantes histoires. Certains témoignages ne m'ont pas particulièrement surpris, mais d'autres si. Ils m'ont vraiment "transpercé". Et je suis très heureux que des lecteurs en dehors des États-Unis, et notamment en France, pourront avoir accès à tous ces récits et avoir la chance de connaître ces histoires.

Si vous deviez dire une phrase pour définir l'état de l'industrie du jeu vidéo, quelle serait-elle ?

Je n'ai que le point de vue des industries nord-américaines mais je pourrais dire : l'aspect humain est bafoué. Avec ce livre, j'ai voulu me focaliser surtout sur les êtres humains de l'industrie. Et sur ce qui a pu les affecter. 

Que changeriez-vous, si vous en aviez la possibilité, dans l'industrie du jeu vidéo ?

Vous savez, le livre est basé sur l'absence de concertation. En Amérique du Nord, spécifiquement, des entreprises de gaming ne comprennent pas ce que signifie réellement ce mot, concertation et l'existence d'un syndicat. Cette industrie a besoin de vie syndicale pour s'en sortir : il faut vraiment qu'elle se remette en question. Il faut dire aux entreprises de régler leurs problèmes et les mettre tout de suite sur la table. 

"Press Reset", de Jason Schreier, disponible chez Mana Books depuis le 3 mars 2022. 18€.