Pancol, Royal et mangas, un samedi au Salon du Livre
"Moi, j'écris tout nu comme Jean d'Ormesson". Bon sang, on la connaît cette voix qui s'échappe de la sono du stand l'Institut Français. On se rapproche. Mais oui, bien sûr. C'est Frédéric Beigbeder, en plein débat sur la Chine avec Dany Laferrière. "A Shanghai, j'ai pris une leçon d'humilité, poursuit-il. J'ai du faire le DJ, car ça les intéressait davantage qu'un écrivain français"…
Sur le stand des éditions Auzou, trois petites filles pianotent sur un livre musical, "Les plus jolis contes de Noël". A peine plus vieille, une pré-ado est déguisée en chauve-souris, pas de doute on se rapproche de l'espace BD-Mangas. Perruques bleues et costumes baroques, ils sont des adeptes du Vocaloid, un genre à part entière de la galaxie Manga.
Premier bouchon de l'après-midi à l'approche de l'imposant stand Albin Michel. Il faut dire que l'éditeur a sorti l'artillerie lourde. Côté droit, Katherine Pancol, qui signe son "Muchachas", un carton chez les libraires comme d'habitude.
Stéphanie regarde sa montre, 1h30 d'attente à prévoir avant d'approcher l'auteure. "Pas grave, j'ai quasiment tout lu d'elle, j'adore. Sa dédicace sera le petit plus de ma bibliothèque. Et ce sera la première !".
"Encore heureux que Bernard Werber n'arrive que dans une heure...". Un peu las, l'employé d'Albin Michel essaie de réguler les flux. Pas facile, car côté gauche, une autre star de l'édition vient d'entrer en scène, Amélie Nothomb, chapeau plante verte vissé sur la tête. Tout sourire, elle prend le temps de personnaliser chaque signature, le public adore.
Ça circule nettement mieux sur l'avenue L. Place des Auteurs, une quarantaine de personnes écoutent religieusement l'écrivain Martine Pouchain qui débat de la sexualité dans la littérature pour ados. "Les mômes de 13-14 ans, ils ne pensent qu'à ça, alors il faut en parler ! C'est quand même mieux qu'ils découvrent ça en littérature jeunesse que dans du porno !".
Quelques "rues" plus loin, le grand Oxmo Puccino décrit son rapport à Twitter. "J'ai trouvé mon code de conduite. Pas de précipitation. Eviter les jugements hâtifs. Et je peux disparaître une semaine".
Un peu de stress sur le stand des Editions de l'Aube. "Il arrive, il arrive" promet la responsable. Bienveillant, le public pardonne à Guy Bedos son retard. Au premier rang, quelques fidèles discutent avec Christiane Hessel, la veuve de Stéphane, qui elle aussi aimerait faire la bise à Bedos avant de lui laisser la place. On repassera.
Un crochet par le stand de la SNCF, thématisé autour du polar. L'animation a son petit succès : un coin " photos anthropométriques" où on peut se faire tirer le portrait déguisé en bagnard ou en super-méchant et repartir avec un tirage papier.
Comme chaque année, la BD sous toutes ses formes attire un monde fou. Inutile d'espérer s'insérer dans la file d'attente de la séance de dédicace de la "manganka" Kaoru Mori ("Emma", "Bride Stories"), c'est complet !
Retour aux éditions de l'Aube. "Il arrive, on est partis le chercher à l'entrée". Une bonne demi-heure de retard et voilà Guy Bedos.
"Il a l'air fatigué" souffle une dame, tout en le mitraillant. "Ah oui, tu trouves ? Il a de bonnes couleurs, pourtant, il doit revenir du ski" répond sa copine, smartphone brandi au dessus de la tête, en mode rafales. L'humoriste tombe dans les bras de Christiane Hessel, avant de s'occuper gentiment de sa première cliente aux cheveux blancs, debout depuis près d'une heure.
"Ça fait quoi d'être une socialiste populaire" lance un moustachu. "Dites donc, vous avez de l'humour, vous" se marre Ségolène Royal. Le stand Grasset est pris d'assaut. Photographes professionnels et amateurs cohabitent sans dommages, il y a en pour tout le monde. Sourire à droite, sourire à gauche, plus pro que jamais. "Qu'est-ce qu'elle est belle" s'enflamme une grande blonde. Une petite fille sanglote. "Je ne l'ai pas vue"… Elle finit sur les épaules de papa et décroche elle aussi un sourire de la responsable socialiste.
Sur le stand du Mexique, c'est beaucoup plus calme. Un homme s'approche et demande où sont les guides touristiques. "Ah non, lui répond une jeune femme l'air un peu pincé. Ici, il n'y a que des livres de sciences humaines". Gêné, le visiteur s'éloigne et disparaît dans la foule épaisse de ce samedi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.