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Mort de Milan Kundera : "C'est l'écrivain qui a fait redécouvrir le roman", selon la journaliste Ariane Chemin

Après la mort du romancier tchèque Milan Kundera, le 12 juillet à l'âge de 94 ans, la journaliste du journal "Le Monde" Ariane Chemin salue un écrivain auteur de "chefs-d'œuvre majeurs".
Article rédigé par franceinfo
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Milan Kundera, ici en 1973, a écrit "L'insoutenable légèreté de l'être". (- / AFP)

"Il aimait jouer, c'était un écrivain joueur" qui a "refait vivre" le roman, "à une époque où on disait que c'était fini", estime ce mercredi sur franceinfo Ariane Chemin, reporter au Monde et autrice d'À la recherche de Milan Kundera, après l'annonce, le mercredi 12 juillet de la disparition de l'écrivain. Le romancier tchèque, auteur de L'insoutenable légèreté de l'être, est mort à l'âge de 94 ans. Il avait quitté la Tchécoslovaquie en 1975 pour la France, puis obtenu par la suite la nationalité française.

franceinfo : Qu'est-ce qui caractérisait Milan Kundera ?

Ariane Chemin : C'est l'écrivain qui a fait redécouvrir le roman. À une époque, on disait que c'était fini. C'était l'époque du nouveau roman. On disait que ce n'était plus un genre qui pouvait exister. Mais il l'a refait vivre. Toute une génération est rentrée dans un univers dans les années 1980 avec ses chefs-d'œuvre majeurs. Et c'est pour ça que je pense que pour beaucoup de lecteurs, c'est un choc.

Un choc pour des lecteurs dans le monde entier...

Oui c'est l'un des écrivains les plus traduits dans le monde. Paradoxalement, c'est peut-être dans son pays natal qu'il est le moins reconnu, le moins apprécié. Mais c'est un écrivain universel qui a connu une gloire, et va connaître une postérité incroyable, alors qu'il ne s'exprimait plus depuis une fameuse émission d'"Apostrophes" en 1984. Il avait décidé de se retirer du monde. C'est pour ça qu'il m'avait intéressée, parce que je l'avais croisé à Paris et qu'au fond, il faisait partie des écrivains dont on ne savait même plus s'il était vivant.

Lorsque l'on part à la quête de Milan Kundera comme vous l'avez fait, à quel mystère se heurte-t-on ?

On rencontre sa femme, Věra Kundera, extrêmement importante dans la vie et l'œuvre de Milan Kundera. Elle est à la fois un personnage qui se glisse partout entre les pages, et une inspiratrice. Elle partageait l'humour de Kundera. Quand on l'entend en réalité parler, on a l'impression d'être dans un livre de Kundera. Je pense que c'est un personnage fondamental. Elle a été fondamentale pour lui, en tout cas.

Et néanmoins elle a contribué à conserver le mystère, à le protéger.

Bien sûr, quand il a décidé qu'il ne donnerait plus d'interviews, elle a passé à la broyeuse tous les contrats, toutes les archives de Milan Kundera. C'est l'un des rares écrivains dont vous n'avez pas de trace des œuvres originales, c'est-à-dire tous ces manuscrits qui sont corrigés, qui sont d'ailleurs souvent très précieux. Cela n'existe pas chez Kundera. Il a contrôlé tous ses livres, tous ses romans. Sa Pléiade a été entièrement revue par ses mains. Il a même parfois modifié des noms de personnages, quelques paragraphes, sans que personne ne s'en aperçoive. Mais Kundera, c'était ça. Il aimait jouer. C'était un écrivain joueur.

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