#marquepage du 22 mars 2023 : échos des livres glanés par Anne-Marie Revol

Un nouveau numéro de Marque Page : l’écrivain qui se cache derrière ses quatre photos, est avant tout auteur, compositeur et interprète. Stéphanie Gauthard, libraire à La Brède, nous recommande la lecture de L’archiviste, d’Alexandra Koszelyk publié Aux forges de Vulcain. Quant aux Bookstagrammeurs, ils ont tous succombé au dernier roman de Bernardo Zannoni, Mes désirs futiles, paru aux éditions de La Table Ronde. 

Un dernier quiz pour la route !

Né à Paris en 1963, l'écrivain qui nous a envoyé ses drôles de clichés, a pour mère une infirmière, pour père un employé de banque et baigne très tôt dans la musique classique. Autodidacte, il se forme au théâtre et à la musique, enfermé dans sa chambre, en incarnant des personnages de son invention – dans des déguisements cousus par sa mère en écoutant les… 33 tours de sa grande sœur. Ses parents lui offrent sa première guitare à quatorze ans. Après son bac et son service militaire, il travaille comme… câbleur à mi-temps. Musicalement, l'artiste se cherche longtemps entre jazz, rock et punk… A partir de 1991, il fait du piano-bar dans le restaurant… thaïlandais d'un ami, place Clichy. C’est sa femme qui l’accompagne au piano. Un an plus tard, il enregistre son premier album qui remporte la Victoire de la musique de la révélation variété masculine. Sa carrière lancée, il multiplie les expériences scéniques. Drôle, poétique, nonchalant et… charismatique, il brille dans le registre intimiste entre concert et one man show. Son dernier roman – le premier, en fait… le seul ! – publié à l’Iconoclaste, le raconte tout entier en octosyllabes et vers "dévergondés".  Il vient d’ailleurs de le porter à la scène dans un spectacle de théâtre musical, créé cet hiver au Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet. Si j’ajoute à cela que son pseudonyme est un hommage au footballeur mexicain Tomás Boy et à l’amant de Marie-Antoinette, vous devriez trouver. Les doigts dans le nez !

La libraire entre en résistance…

Stéphanie Gauthart, libraire au Jardin des mots à La Brède, a été soufflée par la virtuosité du troisième roman d’Alexandra Koszelyk, L’Archiviste. "L’histoire se présente sous la forme d’un conte mêlé à la réalité." Son héroïne, K. est donc… archiviste, en Ukraine, dans une ville de taille moyenne détruite par la guerre. Le jour, elle veille sur sa mère mourante. La nuit, elle veille sur les œuvres d'art qui ont été mises en sécurité dans la bibliothèque dont elle a la charge. Un soir, elle reçoit la visite d'un homme  "très gestapo, KGB qui fait froid dans le dos", qui lui demande d'aider les vainqueurs à détruire et de falsifier ce qu'il reste de son pays : ses romans, ses poèmes et ses chansons. En échange, sa famille aura la vie sauve. Commence alors un jeu de dupes entre le bourreau et sa victime qui se refuse de concéder la victoire à la barbarie. "Cet ouvrage est un hommage à la résistance d’un peuple sous toutes les formes qu’elle peut prendre. C’est très beau, très émouvant, très poétique…"

Les Instagrammeurs se font… futiles !

Vendu à plus de 20 000 exemplaires en Italie, les Bookstagrammeurs se sont emparés de Mes désirs futiles, le premier roman de Bernardo Zannoni, paru aux éditions de La Table Ronde. Archy, n’a pas eu la vie facile : né dans une tanière au milieu de la forêt, au sein d'une… portée de fouines, son père a été tué par l'homme et sa mère peine à nourrir ses petits au cœur de l'hiver. Archy comprend très vite qu'il doit lui aussi chasser s'il veut garder sa place dans la famille. Mais à peine s'est-il essayé à piller un nid qu'il se blesse. Son destin prend alors un sombre tour : devenu inutile à sa mère, il est vendu à un vieux renard cruel, Solomon le prêteur sur gages. "Il en fait son apprenti avant de lui révéler son secret : il connaît l’existence de l’écriture, de Dieu et de la mort", révèle @quinn_bookseller. Mais est-ce un trésor ou un fardeau que ce secret de l'homme ? "Une vie à hauteur d’animal ; entre instincts et peur de la mort. C’est une expérience de lecture dérangeante mais pas inintéressante", avoue @time_for_hanae. Si les questionnements abordés sont profonds voire complexes, l'écriture demeure simple, fluide et d’une rare poésie.