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Le prix Décembre à Maël Renouard pour "La réforme de l'opéra de Pékin"

Le 15e prix Décembre, doté de 30.000 euros, a été attribué mardi à Maël Renouard pour son roman "La réforme de l'opéra de Pékin" (Rivages), qui se déroule en Chine pendant la Révolution culturelle et parle de la condition de l’artiste soumis aux revirements de l’idéologie ou de la mode.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Maël Renouard, prix Décembre 2013 pour "La réforme de l'Opéra de Pékin" (Rivages)
 (Renaud Monfourny)

Le lauréat de ce prix parrainé par Pierre Bergé a été choisi au premier tour par huit voix contre deux voix à "Haute époque" (Albin Michel), de  Jean-Yves Lacroix, et deux voix à Yann Moix, pour "Naissance" (Grasset), lauréat lundi du prix Renaudot.
 
Né en 1979, Maël Renouard est agrégé de philosophie et ancien élève de l’Ecole normale supérieure. Il a enseigné à l’Université Paris-I, puis à l’ENS Ulm de 2006 à 2009. Il est membre du centre Littérature, philosophie et morale.
 
Il est notamment l'auteur de deux essais, "L'OEil et l'attente", sur Julien Gracq (2003), et "Yves Bonnefoy, image et mélancolie" (2009). Il a également traduit et présenté de nombreux ouvrages dont "Ainsi parlait Zarathoustra", de Nietzsche (Rivages/poche, 2002).
 
Un prof de littérature chargé de dépoussiérer les opéras chinois
"La réforme de l'opéra de Pékin" débute pendant la Révolution culturelle. Mao enseignait le précepte suivant : "Ou bien l'on est un écrivain, un artiste bourgeois et alors on n'exalte pas le prolétariat, mais la bourgeoisie. Ou bien l'on est un écrivain, un artiste prolétarien et alors on exalte, non la bourgeoisie, mais le prolétariat et tout le peuple travailleur".
 
Suivant le principe du grand timonier, un enseignant en littérature, d'extraction bourgeoise, est chargé de dépoussiérer les opéras chinois et d'en composer de nouveaux, sans empereurs ni damoiseaux, mais avec des ouvriers, des paysans et des soldats. Mais la roue tourne. Le "modernisateur" sera bientôt jugé et écarté pour ses déviances idéologiques.
 
"J'avais vu tant d'hommes célébrés puis déchus, et tant d'hommes déchus puis réhabilités, que j'ai longtemps gardé l'espoir d'être un jour tenu pour digne de l'histoire de notre pays", dit le héros. "La roue avait tourné, elle tournerait. Je n'aurais sans doute plus été là pour le voir. Je me récitais la phrase que jetaient par défi les condamnés à mort, sur l'échafaud : ‘Dans vingt  ans, je serai à nouveau un beau jeune homme, un brave...’".
 
Vingt ans plus tard, justement, à l'approche de la mort, il découvre que ses opéras modèles sont de nouveau appréciés, jusqu'en Amérique. Dans ce bref récit documenté, Maël Renouard parle à la fois de la Chine ("Notre pays est un immense navire. Trois mots murmurés sur la passerelle décident d'un changement de cap", écrit-il) et de la condition de l'artiste, dont le succès varie au gré des modes, de la politique et de la nostalgie du public.

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