La déferlante de la rentrée littéraire
«L’édition est le seul secteur de l’économie qui réponde à une baisse de la demande par une hausse de l’offre» disait Jérôme Lindon, le fondateur des Editions de Minuit. C’est encore le cas cette année : 727 sorties de romans sont programmées pour la rentrée littéraire, alors que les ventes de livres ont reculé au premier semestre (-1% en valeur, -2.3% en volume, selon l’institut d’études marketing GfK).
Rien de neuf sous le soleil. La rentrée sera une fois de plus pléthorique. Elle atteint même un record : 727 romans, c’est 44 de plus que l’an dernier. Alors que tous, l’an dernier justement, se plaignaient de cette inflation qui avait tendance à plonger dans l’oubli des romans parfois dignes d’intérêt, la situation n’a finalement pas changé.
Pourtant, les grandes maisons d’édition ont réduit la voilure. Ainsi Grasset ne publiera que 9 romans, contre 15 l’an dernier ; Actes sud passe de 17 à 13 sorties ; Le Seuil, de 12 à 9 ; Denoël, de 10 à 6. Seuls Fayard, avec 21 titres contre 16 l’an dernier, et Gallimard, avec 19 au lieu de 17, accroissent leur offre.
Au total, 727 romans seront donc disponibles d’ici octobre – 492 français et 234 étrangers. Et, finalement, peu de place pour les nouveaux talents : seuls 102 premiers romans auront pu voir le jour.
Dans la profusion de l’offre, on retrouve les valeurs sûres : Amélie Nothomb, 16 romans en 15 ans (Ni d’Eve ni d’Adam, chez Albin Michel) ; Patrick Modiano (Dans le café de la jeunesse perdue, Gallimard), Marie Darrieussecq (Tom est mort, P.O.L.), Philippe Sollers (Un vrai roman, Plon)…
Chez les auteurs étrangers, sont annoncés Norman Mailer, auteur d’une biographie romancée d’Hitler (Un château en forêt, Plon) et Günter Grass, dont Pelures d’oignon (Seuil) avait fait scandale l’an dernier, lors de la sortie en Allemagne.
Il y a aussi les stars de la rentrée. Très attendue, Yasmina Reza, pour L’aube le soir ou la nuit (Flammarion), un roman-reportage sur la campagne électorale de… Nicolas Sarkozy. Ou encore François Bégaudeau qui évoque, dans Fin de l’histoire (Verticales), la détention de Florence Aubenas en Irak.
Difficile de s’y retrouver dans toute cette offre. Personne n’oserait prétendre avoir lu toutes les sorties – il lui faudrait lire 12 livres par jour, pour être prêt à temps pour les prix littéraires. Ceux-ci, décernés début novembre, feront bien sûr le tri. Mais il ne faut pas sous-estimer la portée de la critique, ou même du bouche-à-oreille.
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