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L'écrivain Serhiy Jadan menacé d'expulsion : revirement du Bélarus

L'écrivain ukrainien Serhiy Jadan a annoncé samedi qu'il ne serait finalement pas expulsé du Bélarus, où il avait été arrêté la nuit précédente à Minsk et dont il devait être expulsé en vertu d'accords avec la Russie où il est accusé de "participation à des activités terroristes".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Serhiy Jadan à Pordenone, en Italie, le 15 septembre 2016
 (Leonardo Cendamo / Leemage / AFP)

Les médias bélarusses avaient diffusé des photos du passeport de Serhiy Jadan, sur lequel était tamponnée la mention "Interdit d'entrée au Bélarus". L'écrivain, qui participait à un festival de poésie à Minsk, avait été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi et devait quitter ce pays avant dimanche.

"Je dormais dans ma chambre d'hôtel quand la police est arrivée (...) Apparemment, je suis sur la liste des personnes interdites d'entrée en Russie pour +participation à des activités terroristes+. J'ai passé la nuit en cellule", avait écrit sur Facebook Serhiy Jadan, l'un des écrivains les plus populaires d'Ukraine, avant le revirement du Bélarus.

"Comme le Bélarus et le Kazakhstan font partie de la même zone douanière (malheureusement pour moi), cette interdiction s'applique automatiquement au Bélarus et au Kazakhstan", avait alors ajouté Jadan, poète, essayiste, romancier et traducteur, dont l'œuvre a été plusieurs fois primée en Europe.

"Notre croisade a fait son effet !"

Les médias bélarusses ont publié samedi soir la photo du même passeport sur laquelle son avis d'interdiction d'accès au territoire est cette fois accompagné de la mention "Annulé". "Notre croisade a fait son effet ! Le bon sens et la dignité sont les vainqueurs de tout ça", a écrit sur Facebook Serhiy Jadan, remerciant aussi les autorités ukrainiennes pour leur soutien.

Le Bélarus et la Russie ont signé des accords d'intégration politique et économique et font partie d'une même union douanière depuis les années 1990. "Les policiers bélarusses ont passé leur temps à me poser des questions sur ma vie pour comprendre quelles relations j'entretiens avec le terrorisme (...) Ils ne comprenaient pas pourquoi je suis sur cette liste", avait déclaré Serhiy Jadan, 42 ans, au portail internet bélarusse Tut.by. "J'étais déjà venu en juin et on ne m'avait rien dit", avait-il ajouté.

L'Ukraine avait protesté

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, s'était refusée à tout commentaire, déclarant qu'il revenait aux "autorités compétentes" de commenter cette affaire. "L'ambassade d'Ukraine et le ministère des Affaires étrangères préparent une note de protestation. C'est une vraie honte", avait déclaré la porte-parole adjointe du Parlement ukrainien, Irina Gerachtchenko.

Dans un communiqué, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait exprimé sa "profonde inquiétude" et annoncé avoir convoqué l'ambassadeur du Bélarus à Kiev, Igor Sokol. "Le représentant du ministère ukrainien a souligné que les explications de la partie bélarusse, obtenues aujourd'hui, ne satisfaisaient pas la partie ukrainienne", précisait le communiqué.

Serhiy Jadan est originaire de Lougansk, l'un des deux bastions rebelles de l'est de l'Ukraine, mais s'est fermement opposé à l'insurrection prorusse ayant éclaté en avril 2014. L'Ukraine et les pays européens accusent la Russie de soutenir sur les plans logistique et militaire les séparatistes, ce que Moscou dément.

L'œuvre de Jadan a été traduite dans de nombreuses langues et lui a valu plusieurs prix littéraires en Europe. Malgré l'Union douanière, les autorités russes ont annoncé en janvier la mise en place de contrôles à la frontière entre les deux États, une décision dénoncée par le président bélarusse Alexandre Loukachenko.

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