Journées de la schizophrénie : "On a l'impression qu'on lit dans vos pensées"
Les 15e journées de la schizophrénie, du 17 au 24 mars, entendent plaider pour une meilleure intégration des personnes malades au sein de la société.
La schizophrénie touche plus de 600 000 personnes en France. Elle provoque des idées délirantes, des hallucinations et apparaît le plus souvent entre 15 et 25 ans. Les 15e journées de la schizophrénie débutent aujourd'hui. L'occasion de sensibiliser le grand public à cette maladie.
Stéphane Cognon est schizophrène depuis l'âge de 20 ans. Il a décidé de parler de sa maladie dans un livre, Je reviens d'un long voyage, aux éditions Frison-Roche.
"On s'isole, on dort très peu"
Stéphane Cognon parle d'une voix assurée de cette maladie qui a croisé son chemin, à la fin de son adolescence. Une crise fait alors basculer sa vie : "On a des hallucinations. On entend des voix. Ces voix sont en général négatives. Elles vous disent : "Va t'en ! Tu es mauvais !" On a l'impression qu'on lit dans vos pensées. C'est-à-dire que tout est visible. Celui qui est en face de moi, qui me regarde, il sait ce que j'ai dans la tête. C'est très angoissant."
Alors, très vite, la peur envahit la vie de Stéphane : "Il y a un repli sur soi, parce que tout fait peur, donc on s'isole, on dort très peu." Ces bouffées délirantes l'obligent à être interné pendant trois mois. "Mes parents, quand ils apprennent ça, pleurent, se souvient-il. Et moi je ne peux pas ressentir leur émotion à ce moment là, car je suis totalement déconnecté de la vérité."
Les médicaments le guérissent
Tous les schizophrènes ne sont pas égaux face à la maladie. Les médicaments guérissent environ un tiers des patients, ils sont inefficaces pour un autre tiers et donnent des résultats mitigés pour le dernier tiers. Stéphane a eu de la chance dans son malheur : "J'ai pris mes médicaments et petit à petit je me suis remis, mais ce fut long."
Aujourd'hui, Stéphane l'affirme haut et fort : "Je suis guéri ! Depuis 25 ans, je n'ai plus aucun souci. Je prends un médicament tous les matins. Je n'ai pas d'effets secondaires. Je vois un psy qui vérifie si des symptômes ne réapparaissent pas.
Je n'ai pas peur de replonger. J'ai une vie stable. Mais je suis comme tout le monde, je ne suis pas à l'abri d'un choc émotionnel, d'une rupture ou d'un deuil."
Avec une femme, trois enfants, un métier dans le BTP, Stéphane Cognon sait qu'il a gagné sur la maladie et s'il témoigne aujourd'hui, c'est pour changer le regard de la société sur les schizophrènes.
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