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Vente d'illustrations de "Martine" : "Les sujets sont universels, ça passe les âges, les frontières"

Vingt-sept originaux du créateur de la série, Marcel Marlier, sont mis en vente. "On aura quelques surprises", prévient Eric Leroy, expert de la bande dessinée chez Artcurial.

Article rédigé par franceinfo
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Marcel Marlier, dessinateur de la série Martine dans son atelier le 9 octobre 2007. (MAXPPP)

Elle a bercé l'enfance de millions de jeunes, qui ont suivi ses aventures parfois considérées comme quelque peu désuètes. Les albums de Martine ont été vendus à 100 millions d'exemplaires dans le monde. Une trentaine d'illustrations originales de l'héroïne du scénariste Gilbert Delahaye, dessinée par Marcel Marlier, sont mises aux enchères samedi 27 avril à Paris. "Les sujets sont universels, ça passe les âges, les frontières", estime sur franceinfo Eric Leroy, expert de la bande dessinée chez Artcurial, la maison à l'origine des enchères.

franceinfo : Dans quel contexte Marcel Marlier avait-il créé le visage de Martine ?

Eric Leroy : Il a regardé ses enfants grandir, jouer au fond du jardin, construire des cabanes, faire du sport, passer les âges, bref le monde de l'enfance très poétique. C'est le regard d'un artiste sur sa famille. Martine traverse les décennies, des années 1950 jusqu'à aujourd'hui. Les sujets sont universels, ça passe les âges, les frontières. La famille Marlier conteste l'idée de "petite fille sage", ils disent par exemple que ce sont les garçons qui font la vaisselle, elle fait du cheval, elle est très active, elle voyage. C'est un peu comme Bécassine à l'époque, on disait qu'elle était très figée et finalement dans les années 1910-1920, elle prend le volant d'une voiture, ce qui n'était pas donné à tout le monde et encore moins aux femmes. Il y a quand même un côté moderne dans ces histoires.

Cette petite fille des années 1950 correspond-t-elle aux petites filles d'aujourd'hui ?

Les albums marchent toujours, car il y a une partie de la population qui grandit de cette manière-là. Alors évidemment, les téléphones portables, les tablettes et les jeux vidéo n'existaient pas à l'époque, mais c'est peut-être un appel à la jeunesse à regarder autour de soi, la beauté du monde. On le voit à travers les gouaches, les couleurs sont merveilleuses, les expressions et les sourires font un monde de l'enfance très joyeux, heureux et poétique. C'est un message que Marlier a fait passer à travers ses albums. Prenez les illustrations au ski, il n'y a pas une faute de perspective, c'est très rare chez les dessinateurs. La vitesse est retranscrite dans le dessin, c'est très vivant, les personnages bougent énormément au sein de ces petites saynètes gouachées.

Qui sont les acheteurs potentiels de ces illustrations pour les enfants ?

Ce marché intéresse beaucoup de monde. Les livres pour enfants marchent très bien, c'est grand public. Martine, ce n'est pas seulement pour les collectionneurs de bandes dessinées. Hier, un collectionneur m'a appelé pour me dire qu'il voulait acheter un dessin car sa femme adore le ski et s'appelle Martine. Les grands artistes sont ceux qui ont réussi à construire un univers sur plusieurs décennies. La famille Marlier avait toujours refusé de vendre, donc là on a mis 4 à 7 000 euros comme prix de vente selon les dessins. Je pense que ça mérite mieux, la rareté est là. On aura quelques surprises. C'est important d'exister sur le marché de l'art pour un artiste, les collectionneurs prennent soin de ces œuvres. Ça fait vivre l'œuvre. Si un artiste n'est pas sur le marché de l'art, il n'existe plus.

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