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Ouverture timide et sous haute sécurité du salon de Montreuil, mais "pas question de ne pas y être"

Renforcement de la sécurité et annulation des visites des groupes scolaires, le salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) a ouvert ses portes ce mercredi matin dans une ambiance de fébrilité et de calme mêlés. Seules trois maisons d'édition ont annulé leur venue au salon. Pour les autres, et pour les premiers visiteurs rencontrés ce matin, il était crucial d'être là.
Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, mercredi 2 décembre 2015
 (Laurence Houot / Culturebox)

Là où d'habitude les hordes d'enfants surexcités par la perspective de leur visite se ruent vers l'entrée, cette année rien. Un calme étrange règne aux abords du salon. Car même si le ministère a levé l'interdiction des sorties scolaires, les groupes ne sont pas là ce matin. "Entre 25.000 et 27.000 élèves ne viendront pas", selon Sylvie Vassallo, la directrice du Salon du livre de Montreuil. Les organisateurs du salon ont délocalisé dans les classes une partie des animations prévues au salon pour les groupes scolaires.

Pas de groupes scolaires dans les allées du Salon du livre cette année
 (Laurence Houot / Culturebox)
Une présence renforcée mais discrète des forces de police, un contrôle soigneux des entrées (les sacs à dos ou trop volumineux doivent être déposés dans des consignes à l'entrée), le salon du livre et de la presse jeunesse a été maintenu. A l'intérieur, les allées sont particulièrement vides en ce début de matinée.

Quelques visiteurs, accompagnés d'enfants, et des équipes un brin anxieuses et désorientées par ce calme. "J'ai jamais vu ça", entend-on plusieurs fois en circulant entre les stands. "Mais je m'attendais à pire", souligne Benjamin Lacombe, illustrateur qui expose ses planches originales dans l'exposition consacrée à l'univers d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, "Wonderland, la logique du rêve". Même la ministre de la Culture, une fois n'est pas coutûme, peut faire son petit tour du salon sans être bousculée...
Visite de la ministre de la Culture Fleur Pellerin, Salon du livre de Montreuil
 (Laurence Houot / Culturebox)

"Il n'était pas question que l'on ne soit pas là"

"Ca commence timidement, froidement. On sent un peu de fébrilité", souligne Béatrice Lacoste, responsable du stand Gallimard Jeunesse. "Bon c'est mercredi matin, ça vient d'ouvrir, mais sans les groupes scolaires, c'est triste", ajoute-t-elle. "Les visiteurs vont arriver, avec la gratuité d'aujourd'hui et de la nocturne", espère-t-elle. Pour cet éditeur, comme pour la plupart des éditeurs présents au Salon, pas question d'annuler. "Nous avons décidé de venir. Nous n'avons rien changé à ce qui était prévu. Les équipes sont là. Ce soir c'est l'inauguration, donc il y aura du monde, et on lèvera notre verre à la liberté. Mais si le public ne vient pas, le moral va baisser", ajoute Béatrice Lacoste.
Béatrice Lacoste, responsable des salons pour Madrigal (Casterman-Gallimard-Flammarion)
 (Laurence Houot / Culturebox)
"Le Salon de Montreuil est un salon vraiment ouvert, avec un public ouvert qui a envie d'entendre, de partager, d'écouter, donc je pense que cela va bien se passer. Le salon de Montreuil c'est vraiment un esprit, et pour nous il n'était pas question de ne pas être là".

Les livres pour expliquer : "une demande régulière depuis janvier" dans les librairies

Sur le stand de Gallimard Jeunesse, une table a été réservée aux livres qui peuvent répondre aux attentes et aux interrogations des enfants et des parents. "On a regroupé ici des livres sur la religion, la violence, le chagrin, les gentils, les méchants, la guerre… Des livres pour parler, pour expliquer aux enfants. Les équipes sur le stand ont été sensibilisées et préparées à répondre à ce genre de demandes, à accueillir, à accompagner", explique Beatrice Lacoste. "On a fait une sélection pour chaque tranche d'âge", ajoute-t-elle.
Les livres pour expliquer (Gallimard Jeunesse)
 (Laurence Houot / Culturebox)
Plus loin, sur le stand d'Actes Sud Junior, Audrey Rossi, libraire à Strasbourg (La Bouquinette) et Hélène Evain, libraire à Nantes (Les enfants terribles), toutes les deux membres de l'association Sorcières, un groupement de librairies Jeunesse, ne s'affolent pas.

"C'est mercredi matin, ça démarre tout juste, et le public rentre par l'autre côté, ils vont arriver". Ici pas de regroupement thématique. "On n'a pas particulièrement mis de livres en avant sur le sujet", explique Audrey Rossi. Mais il y a des collections comme "Non", qui sont de très bons supports. On répondra au cas par cas", ajoute-t-elle. "Dans ma librairie on a fait une mise en avant depuis janvier, après les attentats de Charlie. La demande sur ces sujets est régulière déjà depuis", explique Hélène Evain.
Audrey Rossi et Hélène Evain, libraires
 (Laurence Houot / Culturebox)

"Rendez-vous festif et incontournable"

Dans les allées des familles commencent à arriver. "J'adore les livres", s'exclame Julia, 7 ans venue exprès d'Avignon avec son papa. "J'étais venu seul l'année dernière et je m'étais promis de revenir avec elle", explique Rémy, son père. "Après les attentats, je me suis posé la question et puis j'ai vu sur le site que le salon serait bien sécurisé, alors on n'a pas annulé le voyage", ajoute-t-il avec le sourire.
Remy et sa fille Julia, Salon de Montreuil
 (Laurence Houot / Culturebox)
Un peu plus loin Nathalie Delhaye, une maman et Lilas 8 ans et Oscar, 5 ans, ses deux enfants profitent du calme pour faire leur petit tour. "On habite juste à côté. Donc on serait venus dans tous les cas", explique Nathalie Delhaye, graphiste et créatrice de bijoux. "Pour nous c'est un moment festif et incontournable", ajoute-t-elle.
Nathalie Delhaye et ses deux enfants Lilas et Oscar au salon de Montreuil
 (Laurence Houot / Culturebox)
Elle ne cherche pas particulièrement de livres pour aider ses enfants à comprendre ce qui s'est passé le 13 novembre. "On en a parlé à la maison. Et on leur en a parlé à l'école. Je pense que cela s'inscrit plutôt dans l'oralité. Mais je suis sûre qu'il y a des livres très bien pour parler de ça aux enfants. Je préfère penser à la suite, plutôt que de focaliser sur l'événement. Aller vers des livres philosophiques, qui ouvrent sur le monde et qui transmettent des valeurs", conclut-elle.

Salon du livre et de la presse Jeunesse
Jusqu'au 7 decembre à Montreuil

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