Les petits champions de la lecture : la littérature jeunesse et la lecture à voix haute célébrées à la Comédie-Française
Raphaël, le petit champion de Bourgogne-Franche-Comté, est le grand vainqueur du concours qui s'est déroulé mercredi 30 juin sur la scène de la salle Richelieu. Ils étaient plus de 60 000 élèves de CM2 à s'être lancé le défi. On y était.
La finale 2021 du concours Les petits champions de la lecture s’est déroulée sur la scène de la Comédie-Française mercredi 30 juin. Après plusieurs étapes locales, les 14 finalistes se sont retrouvés à Paris pour une dernière lecture à voix haute, devant les auteurs des romans choisis, le jury et un public enthousiaste.
De Alyson à Wayeen, les 14 Petits Champions ont fait leur entrée sur le plateau en file indienne et par ordre alphabétique, accompagnés des auteurs et sous les applaudissements du public.
Ils sont accueillis par les discours successifs d'Eric Ruf, directeur de la Comédie-Française, et des ministres de l’éducation nationale et de la culture, Jean-Michel Blanquer et Roselyne Bachelot qui s'est exclamée avec son enthousiasme habituel : “C’était un fantasme absolu d’être sur la scène de la Comédie-Française, voilà, c’est fait!”. Les élèves, eux, attendent leur tour, certains gigotent d’impatience, d’autres balancent leurs jambes, un peu stressés, tandis que les ministres rappellent l’importance de la lecture et félicitent petits et grands.
Christophe Barbier, animateur enjoué
Christophe Barbier, dans le rôle du maître de cérémonie, rappelle les rêgles au centre d'un auditoire en double arc de cercles formés par les élèves et les auteurs. Seuls les élèves de CM2 étaient autorisés à concourir et pour cette finale, ils ont dû choisir leur extrait de trois minutes dans une sélection de trente ouvrages. Barbier, en bon chauffeur, de salle encourage l’ensemble de l'assemblée à crier un grand “Merde” à l'unisson, puis appelle la première candidate. Alyson répond aux questions de l’éditorialiste d’une voix hésitante et timide.
Seule au centre de la scène plongée dans le noir, éclairée par un spot lumineux, la championne du Grand Est commence sa lecture de Kochka, Le chant de Loon, avec une soudaine assurance. Puis c’est au tour d’Angelina, petite championne d’Occitanie, bien droite et sûre d’elle. “Je ne suis pas du tout stressée. Je suis très impatiente et je veux profiter”, nous confiait-elle ce matin-là. En choisissant de lire un extrait de Nonna Gnocchi de Susie Morgenstern, elle souhaitait avant tout "transmettre de la joie, ce livre est très drôle”.
Entre chaque passage, pour détendre l'atmosphère, Christophe Barbier partage des anecdotes sur l'histoire de la Comédie-Française : le trou du souffleur, les côtés Cour et Jardin. Il invite ensuite les petits champions à taper trois fois du pied pour lancer la lecture suivante.
Une joie pour les auteurs
Chloé, du Centre-Val de Loire, s’avance jusqu’au micro pour lire un extrait de Jeanne la fille du Docteur Loiseau. Son autrice, Carole Trébor, l’observe avec fierté."C’est une joie que mon livre ait été choisi" nous confie-t-elle. Les échanges avec les enfants "ça fait partie de notre métier". Comme tous les auteurs elle est allée rencontrer Chloé dans sa classe. “J’ai été accueillie par la radio de l’école, les élèves m'ont interviewée et fait un portrait croisé de Chloé et moi. C’était très pro et chaleureux”.
Les 14 finalistes défilent les uns après les autres sans incident, peu trébuchent sur un mot. Certains incarnent vraiment leur texte, modulant leur voix, s'accompagnant de gestes. D’autres sont plus sobres. C’est au tour de Nathan, mais sa chaise est vide, il s’est éclipsé discrètement... aux toilettes. Raphaël prend sa place et livre une performance impressionnante. Nathan revient et entame sa lecture en regardant à peine son livre qu'il connaît presque par cœur.
La lecture, une transmission
Enfin, le petit champion de Normandie, Wayeen annonce fièrement s’être habillé comme son personnage dans Adieu Tante Aimée d'Agnès Mathieu-Daudé : un short et des tongs vertes, une chemise noire avec une tête de mort. Il commence sa lecture, il est drôle et très juste. “Je voudrais passer ma lecture aux autres pour qu’ils rentrent aussi dedans. Je me sens super motivé. Mon but, c’est de gagner, mais si je ne gagne pas j’aurai le même plaisir”, nous disait-il quelques heures plus tôt.
Son institutrice à Rouen, Madame Plouard, est à ses côtés. Sa classe participe au concours depuis la première édition, il y a neuf ans. “Si mes élèves ressortent de l'école lecteurs, c’est génial.” Pour préparer sa douzaine d'élèves, des volontaires et pas seulement les meilleurs de la classe, elle organise un club de lecture tous les vendredis soir. C’est la première fois qu’un de ses élèves arrive en finale. “Je suis fière mais je me dis aussi qu’on a une bonne étoile”. L’aspect concours la dérange un peu mais cet événement motive les écoliers et les fait progresser. “Ça les fait rêver. On a des déçus mais ils sont contents d’avoir été valorisé dans leur lecture”.
Trois finalistes : Raphaël, Wayeen et Alyson
Une fois la lecture de Wayeen terminée, le jury sort pour délibérer. Christophe Barbier interroge les auteurs sur ce qu'ils viennent de vivre avec les enfants. Il décrit aussi les récompenses qui seront remises par Antoine Gallimard en personne : quelque chose qui “ne se mange pas, mais se dévore … des livres !”
La journaliste Sonia Devillers commence par annoncer le nom du troisième lauréat : “Alyson !” . Puis c’est au tour d’Aurore, la gagnante de l’année dernière, d’appeler Wayeen pour la deuxième place. Gaël Kamilindi, comédien de la Comédie-Française et parrain de cette neuvième édition prend le micro et marque une pause avant d'annoncer le nom du gagnant 2021 : Raphaël et son extrait de 226 bébés de Flore Vesco.
Le finaliste, originaire de Bourgogne-Franche-Comté savoure sa victoire devant la Comédie-Française. “C’est la première fois que je viens. Je ne me rends pas encore trop compte. C’est un grand palais, c’est de la folie.” Le jeune garçon se remémore sa préparation : “J’ai lu seulement une dizaine de fois à voix haute. Pas plus, sinon après je le connais trop par cœur et je regarde trop le public”. En vrai professionnel il résume en quelques mots son heure de gloire : “je me sens content, évidemment, j’adore la lecture, mais je savais que j’en étais capable”.
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