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Vidéo Comment Houellebecq est passé de Flammarion à Fayard (pour revenir chez Flammarion) : "Complément d'enquête" revient sur "le transfert du siècle"

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Houellebecq : "Complément d'enquête" revient sur "le transfert du siècle"
Houellebecq : "Complément d'enquête" revient sur "le transfert du siècle" Houellebecq : "Complément d'enquête" revient sur "le transfert du siècle" (COMPLÉMENT D’ENQUÊTE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
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C'était au milieu des années 2000, quand Michel Houellebecq, fort de ses succès littéraires, rêvait de faire des films. Son agent va alors lui organiser… le transfert du siècle. Extrait de "Complément d'enquête" du 5 septembre 2019.

Au milieu des années 2000, Michel Houellebecq est déjà riche et célèbre. Il a failli décrocher le prix Goncourt à 42 ans avec Les Particules élémentaires. Pour le moment, il est fidèle à Flammarion, sa maison d'édition. François Samuelson, l'agent littéraire réputé pour sa redoutable efficacité, lui obtiendra plus tard un pourcentage de droits d'auteur (15 à 20%) bien supérieur à ce qui se pratique généralement. De son côté, Flammarion comptera sur les ventes de Houellebecq pour compenser les échecs d'autres auteurs. Mais la concurrence est alors à l'affût...

Le prodige des lettres, lui, commence à s'ennuyer ferme. Depuis longtemps, il rêve de cinéma. Il a plein de projets, de films ou d'adaptations, rappelle Jérôme Dupuis (L'Express), mais rien qui aboutisse.  L'écrivain contacte alors son agent. Est-ce qu'il ne pourrait pas lui arranger un contrat qui lui garantisse la sortie d'un film (qu'il réaliserait lui-même) en même temps que celle d'un roman, dont le film serait l'adaptation ? François Samuelson va lui concocter... le transfert du siècle.

"On parle de 1,5 million d'euros"

Les négociations s'engagent, les éditeurs sont prêts à s'arracher l'auteur pour la coquette somme de 1 million d'euros. "C'est Fayard qui emporte la timbale", raconte le journaliste Denis Demonpion, précisant que "l'on parle de 1,5 million d'euros : il n'y a qu'aux Etats-Unis qu'on voit ça !"

C'est ainsi que, pratiquement du jour au lendemain, Houellebecq passe de Flammarion à Fayard. Le transfert est secret, digne d'un joueur de foot ou d'un transfuge politique. L'enjeu éditorial – et même industriel, selon les termes de Jérôme Dupuis – est colossal. Le coup est rude pour Flammarion. Mais "ils ne l'ont pas retenu non plus (avec de l'argent)", estime l'éditeur Raphaël Sorin.

"J'aime beaucoup les grands groupes"

Houellebecq, le même qui signait une Extension du domaine de la lutte caustique sur le monde de l'entreprise et le libéralisme, fait donc désormais partie du groupe Lagardère, propriétaire de Fayard… Une multinationale – qui produit aussi des films. On est loin du microcosme germanopratin de Flammarion. La signature du contrat se fait en avril 2004, lors d'un séminaire qui réunit les pontes de l'édition, mais aussi de la radio, de l'armement… Et quand Arnaud Lagardère attrape l'écrivain et le balance carrément sur scène pour présenter sa nouvelle recrue, Houellebecq, un peu ahuri, déclare : "Je suis très content. J'aime beaucoup les grands groupes." On se croirait dans l'un de ses romans...

A la rentrée 2005, le char d'assaut Houellebecq est en marche. Mais La possibilité d'une île ne sera qu'un demi-succès : moins de 250 000 ventes. Le film, lui, sera un flop, après avoir mis trois ans à se faire. Retour au bercail – chez Flammarion.

Extrait de "Michel Houellebecq : moi, moche et méchant ?", un portrait diffusé dans "Complément d'enquête" le 5 septembre 2019.

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