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Fête du livre et de la rose: "une journée hyper gratifiante" pour les libraires indépendants
Le 27 avril, 450 libraires indépendants de France et de Belgique participeront à la 15ème Fête du livre et de la rose. Le but : réaffirmer l’importance du réseau indépendant. Mais alors que les annonces de fermeture de grandes enseignes se multiplient, les « petits » libraires ont-ils le cœur à faire la fête ? Réponse avec Maya Flandin et François Chazelle, libraires à Lyon.
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Temps de lecture : 7min
Reportage : Anthony Laurent, Pierre Lachaux, Olivier Bodson
« La Fête des Libraires ? C’est une journée hyper-gratifiante pour nous ! ». Pas de doute, Maya Flandin aime cette manifestation à laquelle sa librairie, Vivement dimanche, participe depuis une dizaine d’années. Et pour cause : ici, on a détourné un peu le principe selon lequel ce jour là, le libraire offre aux visiteurs une rose et un livre. Chez Maya, ce sont les clients qui offrent la fleur ! Mais surtout, insiste celle qui est aussi présidente de l’association « Libraires en Rhône-Alpes », « les gens profitent de cette fête pour nous dire pourquoi ils viennent chez nous ». « Cette fête » ajoute t-elle, c’est l’occasion de rappeler le rôle des librairies indépendantes et en quoi elles sont différentes ».
Cette manifestation a été créée en 1998 par Marie-Rose Guarniéri, libraire à Paris et responsable de l’association Verbes. Elle s’est inspirée d’une fête catalane, la saint Jordi (23 avril) durant laquelle les hommes offrent une rose aux dames et les dames offrent un livre aux hommes. Elle a été désignée en 1926 Jour du Livre par la Chambre des Libraires de Barcelone. Depuis le 15 novembre 1995, l’UNESCO a proclamé le 23 avril Jour du Livre et du droit d’auteur. Le samedi 27 avril, 450 libraires indépendants de France et de Belgique offriront donc une rose et un livre. Cette année, l'ouvrage offert s’intitule "Libraires, regardez-vous dans le papier". Tiré à 20.000 exemplaires, il s’agit d’un livre de photos réalisées par Mathilde Salve et Alexandre Lazar autour du métier de libraire.
Mais malgré ses quinze ans d’existence, force est de reconnaître que cette fête des libraires n’est « pas très repérée » comme le note Maya Flandin. «Peut-être parce qu’elle n’est pas reprise de manière nationale. Si le ministère de la culture s’en emparait, elle serait certainement mieux identifiée ». La faute aussi au peu de visibilité du réseau des libraires indépendants. « Ca fait peu de temps que cette entité a été repérée. Les choses bougent depuis 2011 avec les premières Rencontres Nationales de la librairie et parce que pendant la campagne présidentielle de 2012, on était un « petit enjeu ». Il y a eu une vraie prise de conscience de l’importance du réseau des librairies indépendantes».
Car ces librairies représentent un réel enjeu culturel, économique et social. « Dans le quartier où nous sommes (celui de la Croix-Rousse dans le 4e arrondissement de Lyon, connu pour son esprit « village »), une librairie comme la nôtre a créé des habitudes de lecture grâce à la proximité et surtout aux conseils et on a fini par attirer des gens qui ne lisaient pas ». Comment ? en thématisant par exemple les vitrines pour toucher un large panel de lecteurs. En avril, cela donne du jardinage, des guides touristiques, de la poésie et de la BD. « Bien sûr, on présente des choses connues » explique Maya Flandin, « car je veux que les gens aient des repères quand ils rentrent dans la librairie. A nous ensuite de les emmener vers l’inconnu."
Tenir face à internet
Cet accompagnement fait selon elle toute la différence avec internet, qui standardise tout. "Quand vous achetez un livre, on vous en propose un autre du même genre. Alors que nous, on pose des questions au lecteur pour connaître son état d’esprit du moment ». Internet, et en première ligne Amazon, fait surtout une concurrence déloyale à la librairie indépendante : « ils affichent un prix barré, 5% moins cher (c’est peu au final), des frais de port gratuit et un délai de livraison de 48h (pas toujours respecté selon l’éditeur demandé). On ne peut pas lutter ! ». Pour la libraire lyonnaise, les lecteurs doivent avoir une vraie réflexion sur le commerce indépendant. Car il faut savoir qu’Amazon, en étant basé au Luxembourg, ne reverse rien et ne paie pas d’impôts.
Les fermetures de grandes enseignes
Les grands groupes justement parlons-en. Lyon est une des villes touchées par la crise des grandes enseignes de librairie. Le magasin historique Chapitre de la place Bellecour est menacé de fermeture comme huit autres en France. Maya Flandin s’avoue désolée pour ce qui se passe. « Ca n’est positif pour personne » car sur les clients habituels de ces magasins, seul un petit tiers va peut-être se tourner vers les librairies indépendantes. "Une librairie, c’est aussi une vraie animation culturelle en ville. A la place de ça, on va avoir des fringues ou autre. C’est démoralisant ». L'indépendance : un combat quotidien
Concurrence d’internet, crise des grandes enseignes…L’avenir doit lui sembler bien incertain et sombre ? Et bien non ! « Les gens nous demandent si on va tenir le coup. Oui, car ça fait longtemps qu’on se bat. On prend enfin conscience que libraire n’est pas un métier rentable. Mais les grandes enseignes ont des difficultés parce qu’elles ont des comptes à rendre à des actionnaires. Nous, on est effectivement sur le fil, mais on se fait plaisir et on n’a de compte à rendre à personne ». Créée en 1997, la librairie Vivement Dimanche emploie aujourd’hui 8 personnes (dont deux apprentis) et son chiffre d’affaire n’a cessé de progresser depuis 15 ans. «On ne fera pas fortune mais pour ma librairie, je suis optimiste car on progresse. Après, pour ce qui est du secteur de la librairie en général, c’est autre chose ». Vu de l’extérieur, il semble sinistré. Et pourtant, le nombre de librairies indépendantes est assez stable. Tous les ans, il y a autant de librairies qui ferment que de librairies qui ouvrent. « Le plus dur » avoue Maya Flandin, « c’est d’être rentable dans la durée. Cela demande beaucoup d’énergie, il faut se battre au quotidien pour négocier et arriver à se maintenir. » Ce qui l’inquiète ? « Le maillage. En ville, il n’y aura pas de pénurie de libraire. Mais en zone rurale, c’est plus compliqué. Et pourtant, notre rôle est fondamental. Libraire, c’est un métier de transmission et de découverte. La lecture est un chemin, on est là pour accompagner et guider le lecteur. » Un accompagnement qui mérite bien une petite rose non ?!
Cet accompagnement fait selon elle toute la différence avec internet, qui standardise tout. "Quand vous achetez un livre, on vous en propose un autre du même genre. Alors que nous, on pose des questions au lecteur pour connaître son état d’esprit du moment ». Internet, et en première ligne Amazon, fait surtout une concurrence déloyale à la librairie indépendante : « ils affichent un prix barré, 5% moins cher (c’est peu au final), des frais de port gratuit et un délai de livraison de 48h (pas toujours respecté selon l’éditeur demandé). On ne peut pas lutter ! ». Pour la libraire lyonnaise, les lecteurs doivent avoir une vraie réflexion sur le commerce indépendant. Car il faut savoir qu’Amazon, en étant basé au Luxembourg, ne reverse rien et ne paie pas d’impôts.
Les fermetures de grandes enseignes
Les grands groupes justement parlons-en. Lyon est une des villes touchées par la crise des grandes enseignes de librairie. Le magasin historique Chapitre de la place Bellecour est menacé de fermeture comme huit autres en France. Maya Flandin s’avoue désolée pour ce qui se passe. « Ca n’est positif pour personne » car sur les clients habituels de ces magasins, seul un petit tiers va peut-être se tourner vers les librairies indépendantes. "Une librairie, c’est aussi une vraie animation culturelle en ville. A la place de ça, on va avoir des fringues ou autre. C’est démoralisant ». L'indépendance : un combat quotidien
Concurrence d’internet, crise des grandes enseignes…L’avenir doit lui sembler bien incertain et sombre ? Et bien non ! « Les gens nous demandent si on va tenir le coup. Oui, car ça fait longtemps qu’on se bat. On prend enfin conscience que libraire n’est pas un métier rentable. Mais les grandes enseignes ont des difficultés parce qu’elles ont des comptes à rendre à des actionnaires. Nous, on est effectivement sur le fil, mais on se fait plaisir et on n’a de compte à rendre à personne ». Créée en 1997, la librairie Vivement Dimanche emploie aujourd’hui 8 personnes (dont deux apprentis) et son chiffre d’affaire n’a cessé de progresser depuis 15 ans. «On ne fera pas fortune mais pour ma librairie, je suis optimiste car on progresse. Après, pour ce qui est du secteur de la librairie en général, c’est autre chose ». Vu de l’extérieur, il semble sinistré. Et pourtant, le nombre de librairies indépendantes est assez stable. Tous les ans, il y a autant de librairies qui ferment que de librairies qui ouvrent. « Le plus dur » avoue Maya Flandin, « c’est d’être rentable dans la durée. Cela demande beaucoup d’énergie, il faut se battre au quotidien pour négocier et arriver à se maintenir. » Ce qui l’inquiète ? « Le maillage. En ville, il n’y aura pas de pénurie de libraire. Mais en zone rurale, c’est plus compliqué. Et pourtant, notre rôle est fondamental. Libraire, c’est un métier de transmission et de découverte. La lecture est un chemin, on est là pour accompagner et guider le lecteur. » Un accompagnement qui mérite bien une petite rose non ?!
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