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"Vertige polaire": le voyage photographique de Thierry Suzan en hautes latitudes

La vie en milieu polaire recèle des richesses à nulles autres pareilles. Thierry Suzan a fait de l'Arctique et de l'Antarctique ses terrains de prédilection. Dans Vertige Polaire, un très beau livre de photos agrémentées de textes, le grand reporter nous emmène à leur découverte. Une de ses photos ornera l'immense verrière de la gare de Strasbourg dans le cadre de la conférence sur le climat.
Article rédigé par Marie Herenstein
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Goélette Rembrandt Van Rijn, Groenland
 (Thierry Suzan)

Tous ceux qui ont un jour foulé les régions polaires vous le disent: ces contrées d'un abord pourtant hostiles exercent une attraction irrésistible, une attirance qui ne s'exprime pas forcément avec des mots. Il y fait froid, parfois même au cœur de l'été, la végétation quoique présente n'a rien de foisonnant, les déplacements sont souvent difficiles et le confort des voyageurs sommaire. Et pourtant... Une fois qu'on y a mis un pied, elles vous hantent et incitent à retourner vers elles. 

Thierry Suzan appartient à cette catégorie de voyageurs, même si son travail de grand reporter le conduit un peu partout sur la planète (pour Géo, National Geographic ou le Figaro Magazine et auparavant, avec une caméra, pour Thalassa ou Faut pas rêver). Et pas seulement dans les pays dominés par le froid, qu'il avoue craindre. 

  (Thierry Suzan)

Il a arpenté pour la première fois les hautes latitudes scandinaves quand il avait 18 ou 19 ans, découvrant alors l'immensité des paysages arctiques, l'isolement de ces territoires, la vie sauvage... Et puis il y eut le premier iceberg. Le virus s'est installé et ne l'a plus jamais vraiment quitté. Depuis, il alterne le grand nord ou le grand sud au gré de ses reportages, immortalisant l'incroyable esthétique de ces lieux, les rencontres avec une faune unique et les tranches de vie d'hommes et de femmes qu'il croise sur son chemin.

Une aventure intérieure  

Mais ne lui parlez pas d'exploration ou d'aventure, comme ont pu les connaître les Magellan, Cook et autres découvreurs de terres inconnues. Car s'il reconnaît que "les mondes polaires sont les derniers horizons qui touchent à l'imaginaire", lui ne se voit pas en explorateur. "Dans mon travail, je ne suis pas l'acteur, je suis juste un journaliste, un passeur. L'exploit sportif ne m'intéresse pas. Aujourd'hui, pour moi, l'aventure est quelque chose de beaucoup plus personnel et intérieur, qui alimente la réflexion sur la place de l'homme dans son environnement." 

  (Thierry Suzan)

Des réflexions qu'il avait envie de partager en exploitant la masse de photos, d'informations ou d'anecdotes rapportées de ses nombreux voyages et qui n'avaient jamais été publiées. L'idée d'un beau livre à mûri lentement. Avec Vertige Polaire (editions de La Martinière), il a donc puisé dans ses archives pour offrir aux lecteurs une sélection de ses plus beaux clichés, accompagnés de textes minutieusement travaillés qui révèlent la spécificité, à ses yeux, de chaque région, boréale (Groenland, Islande, Kamtchatka, Svalbard, Nunavut...), ou australe (Patagonie, Falkland, Géorgie-du-Sud, Antarctique). "Chacun correspond à une problématique qui amène à la réflexion", souligne-t-il. Je fais mon travail de journaliste mais j'ai aussi voulu donner un côté poétique pour faire vivre les lectures et montrer ce que je ne peux pas exprimer avec les photos". 

  (Thierry Suzan)

Parmi les problématiques abordées, celle des changements climatiques et leurs conséquences sur ces milieux sensibles est fondamentale. Pour l'auteur, "elle sous-entend une vraie question philosophique sur l'avenir de l'humanité toute entière". Le climatologue Jean Jouzel (membre du GIEC) qui préface le livre, écrit ainsi que "la beauté de ces régions qui nous envahit tout au long de cet ouvrage constitue aussi un très beau plaidoyer pour que cette lutte s'organise efficacement". 

800 000 manchots à Strasbourg 

Alors que Paris accueille dans quelques semaines la Cop 21, la SNCF, partenaire de l'événement, va exposer des oeuvres d'artistes dans plusieurs gares, en lien avec la problématique climatique. L'immense verrière de la gare de Strasbourg sera ainsi recouverte d'une reproduction d'une photo de Thierry Suzan : une plage de Géorgie du Sud où vivent près de 800 000 manchots royaux. Il faudra un mois pour recouvrir les 1000m² de surface vitrée ! Parallèlement, d'autres photos seront exposées en ville. 

  (Thierry Suzan)

Jusqu'au 1er novembre, une autre exposition est installée dans l'agence de voyage Grand Nord Grand Large , à Paris (75 rue Richelieu, Paris 2e). Sans compter plusieurs publications ce mois-ci (sur le Groenland dans le Figaro Magazine, des photos dans National Geographic et Géo)...

Il était ce vendredi l'invitée des 5 dernières minutes dans le journal d'Elise Lucet :


Une actualité très riche donc pour ce voyageur infatigable, qui rentre tout juste d'Alaska où il participait à une croisière en tant que conférencier.

 

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