"Poésies - d'Emily Dickinson" : la grande poétesse américaine dans un florilège illustré par la peinture moderniste

Emily Dickinson est l'équivalente féminine et contemporaine du poète Walt Whitman, habitée d'un monde intérieur qui comblait sa solitude désirée, choyée, imaginative, d'une nature glorifiée
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1 min
"Poésies - d'Emily Dickinson" : ouvrage sous coffret (2023). (EDITIONS DIANE DE SELLIERS)

Surnommée la "recluse d'Amherst" (Massachusetts), la poétesse Emily Dickinson (1830-86) partage avec Walt Whitman (1819-92) une approche transcendantale du monde, au-delà de la religion, où la poésie puise dans la nature sa spiritualité.

Sans aller jusqu'au paganisme, l'empreinte du gigantisme paysagé américain imprègne la poésie d'Emily Dickinson d'une dimension mystique.

Nature spirituelle

Publié aux belles éditions Diane de Selliers et traduit par Françoise Delphy, "Poésies - d'Emily Dickinson" trouve dans ses pages, qui alternent textes et toiles de Georgia O'Keeffe, Grant Woot, Edward Hopper et bien d'autres, des correspondances fructueuses. Une transfiguration du réel qui, avec Emily Dickinson, passe du conceptuel au spirituel, et des mots à la peinture.

Après Walt Whitman, Emily Dickinson partage avec l'écrivain Howard Philip Lovecraft l'attribut de "reclus", lui, de la ville de Providence (Rhode Island), connu pour ses ouvrages fantastiques et également poète. Leur point commun s'arrête là. Mais cette solitude volontaire (comblée par une riche correspondance) leur offre en commun une ouverture sur le monde.

"Butterfly Festival" de Charles Burchfield, 1956, aquarelle sur papier, 94×66 cm illustrant l'ouvrage "Poésie - d'Emily Dickinson". Collection particulière. (BURCHFIELD PENNEY ARCHIVES)

Ce partage du monde intérieur avec l'autre par l'écriture, et la publication, presque nulle de son vivant, trouve enfin pour Emily Dickinson sa consécration dans les choix de ce florilège, parmi des centaines de poèmes, et dans la qualité éditoriale de ce beau livre. S'agissant d'une poétesse américaine, on ne pense guère d'équivalente contemporaine française, George Sand étant romancière.

Les thèmes d'Emily Dickinson sont intimes : le jardin familial parsemé de fleurs, et "l'amoureux pour toute l'éternité" qui évoque Le Roman de la rose. Mais surgit aussi le macabre, comme chez Edgar Poe, et des psaumes évangélistes, le lien étant spiritualiste. Les poèmes en bilingue se reflètent dans les couleurs d'œuvres de Georgia O'Keefe, Helen Torr ou Edward Hopper, comme s'ils étaient complémentaires, dans un dialogue moderne, à cent ans de distance. Un bel accord éditorial entre poésie et peinture, somptueux et onirique.

Poésies - d'Emily Dickinson
Traduit par Françoise Delphy
Éditions Diane de Selliers
250 euros

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