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La gloire de Vermeer à la lumière de ses contemporains
Peut-on encore écrire sur un peintre aussi célèbre que Johannes Vermeer (1632-1675), artiste majeur de l'école hollandaise, auteur de toiles aussi connues que "La Laitière" ou "La Jeune fille à la perle" ? Jan Blanc, historien d'art, spécialiste de la période allant du XVIe au XVIIIe siècle, propose une approche nouvelle de cet artiste essentiel, dans une magnifique édition.
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Succès contemporain, mais reconnaissance tardive
Sous-titré "La Fabrique de la gloire", ce "Vermeer" de Jan Blanc tourne le dos à la légende d’un artiste reclus dans son atelier, obsédé par la perfection, entièrement tourné vers le respect de la tradition picturale hollandaise, en y apposant sa marque. L’auteur voit plutôt un homme ouvert sur le monde, soucieux de sa reconnaissance par celui-ci et tout orienté vers sa réussite, pour atteindre la gloire de son vivant. L’historien effectue cette lecture par le décryptage des 37 tableaux attribués sans ambiguïté au peintre de Delft et en les comparant aux œuvres de nombre de ses contemporains. Etablir une biographie détaillée de Vermeer n’est pas l’objectif de Jan Blanc. Il ne peut toutefois passer outre l’exercice, ce qui permet de constater la renommée, le succès artistique et pécuniaire acquis de son vivant. Celui que l’on appela "le sphinx de Delft" fut toutefois oublié jusqu’à la moitié du XIXe siècle, alors que la gloire, ambition du peintre selon l’auteur, est synonyme de postérité, de passage à l’éternité, à l’immortalité. La redécouverte du Delftois lui donna cet accès, grâce à quelques connaisseurs éclairés et aux impressionnistes qui reconnurent en Vermeer un maître de l’espace picturale et de la lumière.
Précurseur des Avant-gardes
Les œuvres de Vermeer qui donnèrent parmi les toiles les plus emblématiques de l’art, jouent d’abord du regard du peintre sur le réel pour l’idéaliser. Il en déduit à chaque fois une composition qui saute littéralement aux yeux. Comme son usage de la couleur, matière à l’origine de la forte sensation lumineuse qui émane de ses œuvres. Fidèle à la peinture traditionnelle flamande d’intérieur, dominante chez Vermeer, la perspective et le cadre dans le cadre sont prépondérants. Le rabat d’un clavecin droit devant lequel joue une jeune fille face à un miroir dans lequel elle se reflète sur un fond neutre ("La Leçon de musique") construit une composition audacieuse, dont les angles droits semblent annoncer un autre Hollandais, Piet Mondrian. La lumière construit l’espace dans ses nombreux tableaux où un modèle pose prêt d’une fenêtre ouverte qui éclaire la composition. Cette fenêtre ouverte, les cartes épinglées au mur, la perspective d’un carrelage en damier, sont synonymes de l’ouverture d’esprit du peintre et de son intérêt pour les sciences du siècle d’or hollandais, très attachées à cartographier la Terre. Absorbé dans sa concentration pour sublimer l'objet dans l'art, Vermeer tire des portraits magnifiques. Comme "La Dentelière" affairée dans son ouvrage, ou le geste précis de "La Laitière", desquels ressort toute l’attention portée à l'acte de peindre, transposé dans le quotidien. Coutumier des jaunes et des bleus, Vermeer transfigure son sujet dans "La Jeune femme au chapeau rouge" avec cette "trace" écarlate, comme s’il préfigurait un Kandinsky dans ses premières œuvres abstraites… Précurseur des Impressionnistes du XIXe siècle et des Avant-gardistes du XXe, peut-être est-ce là la raison de sa gloire. Cette exigence dans la captation d’un réel magnifié se vérifie dans le "Vermeer" de Jan Blanc. Grâce à la foisonante iconographie rassemblée du peintre Delftois et de ses contemporains mis en regard. Mais aussi grâce aux détails reproduits qui traduisent toute la subtilité des oeuvres, notamment dans les reflets et le sfumato déduit de Léonard, propre à Vermeer. Quant à la qualité de reproduction, elle est remarquable. Le texte est d’une exigence au croisement de l’érudition et de l’accessibilité, pour mettre en perspective l’immense artiste qu’est Vermeer, avec son siècle mais aussi le nôtre, tout en offrant un plaisir des yeux renouvelé à chaque page. Vermeer – La fabrique de la gloire
Jan Blanc
384 pages, 325 illustrations, relié en toile, sous coffret
Editions Citadelles et Mazenod
189 euros
Sous-titré "La Fabrique de la gloire", ce "Vermeer" de Jan Blanc tourne le dos à la légende d’un artiste reclus dans son atelier, obsédé par la perfection, entièrement tourné vers le respect de la tradition picturale hollandaise, en y apposant sa marque. L’auteur voit plutôt un homme ouvert sur le monde, soucieux de sa reconnaissance par celui-ci et tout orienté vers sa réussite, pour atteindre la gloire de son vivant. L’historien effectue cette lecture par le décryptage des 37 tableaux attribués sans ambiguïté au peintre de Delft et en les comparant aux œuvres de nombre de ses contemporains. Etablir une biographie détaillée de Vermeer n’est pas l’objectif de Jan Blanc. Il ne peut toutefois passer outre l’exercice, ce qui permet de constater la renommée, le succès artistique et pécuniaire acquis de son vivant. Celui que l’on appela "le sphinx de Delft" fut toutefois oublié jusqu’à la moitié du XIXe siècle, alors que la gloire, ambition du peintre selon l’auteur, est synonyme de postérité, de passage à l’éternité, à l’immortalité. La redécouverte du Delftois lui donna cet accès, grâce à quelques connaisseurs éclairés et aux impressionnistes qui reconnurent en Vermeer un maître de l’espace picturale et de la lumière.
Précurseur des Avant-gardes
Les œuvres de Vermeer qui donnèrent parmi les toiles les plus emblématiques de l’art, jouent d’abord du regard du peintre sur le réel pour l’idéaliser. Il en déduit à chaque fois une composition qui saute littéralement aux yeux. Comme son usage de la couleur, matière à l’origine de la forte sensation lumineuse qui émane de ses œuvres. Fidèle à la peinture traditionnelle flamande d’intérieur, dominante chez Vermeer, la perspective et le cadre dans le cadre sont prépondérants. Le rabat d’un clavecin droit devant lequel joue une jeune fille face à un miroir dans lequel elle se reflète sur un fond neutre ("La Leçon de musique") construit une composition audacieuse, dont les angles droits semblent annoncer un autre Hollandais, Piet Mondrian. La lumière construit l’espace dans ses nombreux tableaux où un modèle pose prêt d’une fenêtre ouverte qui éclaire la composition. Cette fenêtre ouverte, les cartes épinglées au mur, la perspective d’un carrelage en damier, sont synonymes de l’ouverture d’esprit du peintre et de son intérêt pour les sciences du siècle d’or hollandais, très attachées à cartographier la Terre. Absorbé dans sa concentration pour sublimer l'objet dans l'art, Vermeer tire des portraits magnifiques. Comme "La Dentelière" affairée dans son ouvrage, ou le geste précis de "La Laitière", desquels ressort toute l’attention portée à l'acte de peindre, transposé dans le quotidien. Coutumier des jaunes et des bleus, Vermeer transfigure son sujet dans "La Jeune femme au chapeau rouge" avec cette "trace" écarlate, comme s’il préfigurait un Kandinsky dans ses premières œuvres abstraites… Précurseur des Impressionnistes du XIXe siècle et des Avant-gardistes du XXe, peut-être est-ce là la raison de sa gloire. Cette exigence dans la captation d’un réel magnifié se vérifie dans le "Vermeer" de Jan Blanc. Grâce à la foisonante iconographie rassemblée du peintre Delftois et de ses contemporains mis en regard. Mais aussi grâce aux détails reproduits qui traduisent toute la subtilité des oeuvres, notamment dans les reflets et le sfumato déduit de Léonard, propre à Vermeer. Quant à la qualité de reproduction, elle est remarquable. Le texte est d’une exigence au croisement de l’érudition et de l’accessibilité, pour mettre en perspective l’immense artiste qu’est Vermeer, avec son siècle mais aussi le nôtre, tout en offrant un plaisir des yeux renouvelé à chaque page. Vermeer – La fabrique de la gloire
Jan Blanc
384 pages, 325 illustrations, relié en toile, sous coffret
Editions Citadelles et Mazenod
189 euros
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