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Codex Seraphinianus, l'OVNI littéraire de Luigi Serafini enfin publié en France

C'est un OVNI de l'édition qui est enfin publié en France. Le Codex Seraphinianus de Luigi Serafini arrive en librairie le 5 novembre. Publié en 1981 par l'éditeur italien Franco Maria Ricci cet ouvrage, à nul autre pareil, avec son alphabet propre et ses illustrations surréalistes, vous emmène dans un univers aux confins du chimérique et de l'absurde. Un beau livre déjà indispensable.
Article rédigé par Jean-Michel Ogier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Fragment de la couverture du Codex Seraphinianus
 (DR)

Ce matin là, on dépose sur mon bureau une volumineuse enveloppe en me souhaitant, avec un clin d'oeil, un joyeux Noël bien avant l'heure. 

Je la décachète fébrilement et en extrais un de ces ouvrages à classer dans la catégorie "Beaux Livres". La couverture m'intrigue. Cet anneau rouge-sang entouré de coccinelles qui semblent s'en échapper attire l'oeil et les cinq lignes manuscrites juste en dessous dans une langue inconnue me font dire que le service de presse ne m'a peut-être pas envoyé la bonne édition, la version française.

  (Luigi Serafini)
J'ouvre cet intrigant objet. La première page confirme mon impression, ma désorientation. La page est noircie de lettres inconnues, de sigles qui, assemblés, doivent bien avoir un sens. En tournant la page, j'ai enfin quelque chose à quoi me raccrocher : deux dessins dont un me donne l'impression d'être une porte d'entrée dans l'univers si particulier de Luigi Serafini.                                         
  (Luigi Serafini)

J'apprends par le "Décodex" en 3e de couverture que Luigi Serafini avait 27 ans quand, un jour de septembre 1976, dans son scriptorium près de la Piazza di Spagna, il a commencé à "dessiner aux crayons de couleurs des corps humains sur lesquels étaient greffés des prothèses en forme de pinces de crabe, de roue de vélo ou de stylo encre". Un véritable atlas d'anatomie comparée sans le texte censé l'éclairer.

Très vite, il a le sentiment de se retrouver - enfant ne sachant pas encore lire - en train de feuilleter les livres illustrés qui faisaient vagabonder son imagination. C'est là qu'il décide d'enrichir ses dessins d'une écriture indéchiffrable qui offrirait au lecteur la liberté de revivre ces "fugaces sensations enfantines".
 

  (Luigi Serafini)

Tout s'éclaire donc, si l'on peut dire, et je commence à feuilleter le Codex pour ce qu'il se révèle être au fil des pages : une encyclopédie composée de onze chapitres traitant de la faune, de la flore, des hommes, des mathématiques, de l'architecture et de l'écriture.

Une encyclopédie qui nous propulse dans un environnement extraterrestre et chimérique où vous croiserez une banane partiellement emplie de médicaments, un cheval aux pattes arrières transformées en cocon parsemé de pierres précieuses, d'incroyables machines que l'on croirait sorties de l'esprit d'un certain Léonard de Vinci... 

Et l'homme dans tout cela ? Il est très présent sous les traits qu'on lui connaît, inventeur, guerrier, procréateur mais aussi petit homme jaune cloné évoluant dans le miroir grossissant et déformant d'un monde devenu fou.

  (Luigi Serafini)

Même très parlants, les dessins de Luigi Serafini ravivent la frustration que l'on a de ne pouvoir les décrypter par un langage connu. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. En près de 40 ans, de nombreux spécialistes s'y sont attelés... mais en vain.

  (Luigi Serafini)


C'est ce qui fait de ce Codex Seraphinianus un objet artistique à part qui transcende les connaissances en nous obligeant à retrouver cette part d'imaginaire qui est le moteur de l'enfance. C'est pour cela qu'il faut avoir le Codex Seraphinianus dans sa bibliothèque. Un jour peut-être cet OVNI littéraire sera déchiffré. Doit-on d'ailleurs le souhaiter...? Pas si sûr !

"Codex Seraphinianus" aux éditions Rizzoli (New-York) 99€
Sortie en France le 5 novembre.


 

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