Arrivée en force des anglo-saxons dans les meilleurs ventes de livres
Les Français partagent maintenant une grande partie du classement des meilleures ventes avec les anglo-saxons.
Dans le détail : du numéro 1 au numéro 3, toujours pas de changement. Yasmina Reza avec "L'aube, le soir ou la nuit" (son récit sur la compagne de Nicolas Sarkozy, publié chez Flammarion), demeure le best-seller incontesté de cette rentrée.
Deuxième, Amélie Nothomb avec son roman émouvant et ironique sur ses amours au Japon (Albi Michel), et enfin troisième, Muriel Barbery, qui avec son "Elégance du hérisson " (Gallimard) s'apprête à rejoindre les grands best-sellers de ces cinquante dernières années. N'oubliez pas qu'elle figure depuis plus d'un an dans les meilleures ventes.
Honneur aux femmes
Mais d'autres écrivaines sont aussi en bonne place. C'est ainsi que Marie Darrieussecq, qui évoque la peine d'une mère après la mort d'un de ses enfants avec "Tom est mort" (POL), se classe dixième et Mazarine Pingeot elle, sur le thème de l'assassinat d'un bébé avec "Le cimetière des poupées" (Julliard), est en quatorzième positon.
Viennent ensuite deux nord-américaines.
Tout d'abord Marisha Pessl, née en Caroline du Nord et qui, à 27 ans, cartonne avec "La physique des catastrophes" (Gallimard). En deux mots, c'est l'histoire d'une ado qui vit avec son père et qui enquête sur la pendaison de son professeur préférée. Un premier roman à la fois intello et policier, très brillant.
Et puis, autre auteure, la canadienne Rachel Cusk qui vit aujourd'hui en Angleterre. Avec "Arlington Park" (L’Olivier), elle décortique, comme les Anglais savent si bien le faire, le quotidien tristounet de femmes au foyer. Ce n’est pas du tout glamour. Le ton est très juste. Cette investigation sur des femmes banales relève presque du journalisme. Rachel Cusk a déjà écrit six romans. Elle est très appréciée en Grande-Bretagne où ou elle est comparée à Virginia Woolf et où elle a ratée de peu le Booker Prize, la récompense suprême pour tous les pays de langue anglaise.
Succès des écrivains Anglo-Saxons
Le maître du thriller, Stephen King, est toujours en quatrième place. Juste derrière lui, Harlan Corben fait une entrée fracassante avec "Temps mort" (Fleuve noir). D'un mot, il faut rappeler que Corben est, sauf erreur de ma part, le premier ou l'un des rares a avoir obtenu les trois plus grands prix de littérature policière aux Etats-Unis.
Puis suivent Woody Allen, toujours présent dans le classement, et deux entrées dont je me félicite. La première, c'est Daniel Mendelsohn pour "Les disparus" (Flammarion). C'est un chef-d’œuvre. Une sorte d'anti Jonathan Littell puisque dans ce livre presque aussi épais que celui de Littell, Mendelsohn enquête sur une branche de sa famille disparue dans les camps de la mort. C'est tout à fait original et loin de ressembler aux livres qui portent sur ce thème.
Dernier américain - je devrais dire Irlandais, mais il vit à New York -, c'est Colum McCann, un de mes chouchous avec le roman de sa tzigane, intitulé "Zoli" (Belfond).
Un best-seller inattendu venu de Suède
Histoire formidable et histoire terrible.
Dans notre classement figure maintenant en très très bonne place, le suédois Stieg Larsson pour le troisième volume de « Millenium », intitulé « La reine dans le palais des courants d'air ».
Il faut savoir qu’en Suède, 1 habitant sur 15 a au moins le premier tome de la série dans sa bibliothèque. Et depuis quelques mois, les trois livres connaissent un succès grandissent dans toute l’Europe.
Or, l’auteur ne verra jamais le succès de son œuvre. En effet, Stieg Larsson, né en 1954, est mort brutalement, en 2004, d'une crise cardiaque, juste après avoir remis à son éditeur les trois tomes de la trilogie Millénium.
Larsson était un journaliste qui avait écrit des essais sur l'économie et des reportages de guerre en Afrique. Il dirigeait une revue suédoise spécialisé sur les manifestations ordinaires du fascisme. Son livre de près de 2000 pages est, pour tous ceux qui le lisent, l’un des premiers chefs-d’œuvre du XXIe siècle où se mêlent enquête, crime, mondialisation, critique du socialisme, etc, etc…
Les héritiers, comme c’est souvent le cas, se disputent déjà l’ordinateur où il y aurait l’esquisse d’un quatrième tome. Tristesse…
Les trois volumes, sont disponibles chez Actes Sud. C’est un vrai bonheur de lecture.
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