Louis Aragon et Pierre Juquin partagent un point commun : ce sont des hommes de rupture. Pour Aragon, l’une des plus marquantes fut celle avec le chef de file des surréalistes André Breton. Pour Pierre Juquin, ce fut l’exclusion du Parti communiste en 1987. Un parti qui a permis la rencontre entre ces deux hommes, séparés par trente années d’écart.Pour Pierre Juquin, la rencontre avec Aragon fut d’abord littéraire. C’était en 1943. Il avait 13 ans. Aujourd’hui, il avoue ne rien avoir compris au poème de celui qui était alors engagé dans la Résistance à l’occupant allemand aux côtés de son grand amour Elsa Triolet. Et pourtant, les mots de lutte et de combat d’Aragon ont résonné en lui de façon prodigieuse.La « vraie » rencontre a eu lieu fin 1958. Pierre Juquin était alors un jeune militant au P.C.F. Il est allé voir Aragon chez lui. « J’allais chez Dieu » raconte t-il. Une rencontre déterminante : « Quelque chose d’indicible s’est passé entre nous…Un lien s’est créé. Aragon a ouvert ma réflexion à de nombreuses questions ». Il y a dix ans, un éditeur a proposé à Pierre Juquin d’écrire un livre sur Aragon et la politique. Après avoir accumulé une importante documentation sur le sujet, l’ancien homme politique a abandonné le projet. Aragon lui semblait un être trop complexe pour être « réduit » à son rapport à la politique.Mais voilà un an, c’est un autre éditeur, qui, en prévision du trentième anniversaire de la mort du poète, lui propose d’écrire une biographie. Cette fois, Pierre Juquin relève le pari : « J’aurais eu des remords éternels si je ne l’avais pas fait ». Un deuxième tome, consacré à la période 1940- 1982, doit paraître en mars 2013."Aragon. Un destin français, 1897-1939", de Pierre Juquin, Editions de La Martinière, 798 pages 29,90 euros