A Lyon, le fait divers est à l’honneur au festival Quais du Polar
C’est un genre littéraire qui attire de plus en plus de lecteurs. Les romans qui s’inspirent de faits divers sont en plein boom. Une tendance à laquelle n’a pas échappé Quais du Polar.
Parmi les 130 auteurs invités à cette 18e édition du festival, Quais du Polar compte de nombreux spécialistes du fait divers. Des romanciers, d’anciens policiers, des journalistes qui s’adonnent à "la narrative non-fiction", un style littéraire qui mêle à la fois enquête journalistique et écriture romancée.
Dans les allées du festival, c’est la foule des grands jours autour de Gilles Leclair, L’ancien flic de la PJ de Versailles vient de sortir en librairie La vérité sur l’affaire Robert Boulin, un ministre du gouvernement Giscard retrouvé noyé dans les Yvelines en 1979. A l’époque les enquêteurs, dont Gilles Leclair faisait partie, avaient conclu à un suicide. Pour la famille, 40 ans plus tard, il s’agit toujours d’un assassinat politique. Dans son livre, l’ex-enquêteur décortique les faits, analyse, rend compte de ce qui s’est passé pour finalement valider à nouveau la thèse du suicide. "J’ai vécu de grandes affaires dans ma carrière, c’est pas mal d’en faire profiter les autres, notamment sous l’angle anecdotique" rapporte Gilles Leclair en enchainant les dédicaces.
Guy Georges, l'affaire Grégory...
Autre auteur qui raconte dans ses ouvrages de célèbres faits divers qui ont fait les gros titres de la presse et passionnés les Français : Philippe Jaenada. Son dernier roman, Au printemps des monstres, est une enquête sur le meurtre d’un garçon de 11 ans en 1964, qui a valu à Lucien Léger de passer 41 ans en prison. Le romancier détaille les doutes qui pèsent sur sa condamnation. C’est le 4e roman de l’écrivain sur des affaires ayant existées "Je lis beaucoup de fictions, de romans policiers mais en écrire ne m’intéresse pas. Moi, j’ai besoin d’un support. Ce qui m’intéresse, c’est de donner mon regard sur quelque chose qui existe déjà" explique Philippe Jaenada. Installée au même stand que lui, Patricia Tourancheau discute avec une de ses lectrices.
L’écrivaine est aussi une spécialiste des faits divers. Guy Georges : la traque en 2010 ou encore Grégory : la machination familiale en 2018 sont des ouvrages qu’elle a écrits, après avoir suivi ces affaires en tant que journaliste. Le Grêlé. Le tueur était un flic est son dernier livre. Il relate à travers différents témoignages et documents inédits cet incroyable cold case qui pendant un tiers de siècle a mis en échec la brigade criminelle de Paris. Ce tueur et violeur en série était finalement un policier. Rattrapé par son passé, il s’est suicidé en 2021 avant son arrestation. "Moi, j’estime que j’écris des polars du réel. Tout est vrai" insiste Patricia Tourancheau.
Des éditeurs ravis
Face à l'intérêt des lecteurs pour les faits divers, plusieurs éditeurs ont lancé leurs propres collections basées sur le réel. "C’est une vraie tendance" explique Camille Racine, responsable éditoriale de La bête noire aux éditions Robert Laffont. "Pour vous donner une idée concrète : sur les vingt livres qui sortent cette année à La bête noire, un quart est de la narrative non-fiction, du fait réel" ajoute-t-elle. Et ce style passionnerait même la nouvelle génération. Un engouement qui rassure les éditeurs en mal de jeunes lecteurs.
Quais du Polar, à Lyon, jusqu'au 3 avril 2022
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