20 ans après la mort d'Hugo Pratt, Corto Maltese est de retour
"Sa boucle d'oreille, sa casquette, son cigarillo… tout est là," explique Jean-Christophe Ogier, le spécialiste bande-dessiné de France Info. "Il y a l'esprit d'Hugo Pratt" dans cet album, le 30e des aventures du marin et voyageur ironique créé en 1967. "Les identités sont toujours au cœur des histoires de Corto Maltese," précise Jean-Christophe Ogier. Ce que confirme Jean-Claude Guilbert, auteur de la biographie illustrée Hugo Pratt, la traversée du Labyrinthe (Presses de la Renaissance) réédité cette année chez Plon.
"Il y a une idée qui correspond. C'est de présenter le visage de Corto Maltese dans l'ombre et c'était une réalité d'Hugo" observe son ancien compagnon de voyage de 1981 à 1995. "Lui, l'ombre, c'était sa manière de dessiner et se voir ou voir les autres. D'ailleurs, quand on était ensemble, on photographiait nos ombres."
Jean-Claude Guilbert : "Les souvenirs que nous avons ensemble, ce sont nos ombres".
Corto Maltese et Hugo Pratt étaient "fusionnels" . Son compagnon de voyage ajoute que "Pratt était au-dessus de son personnage. C'est ce que l'on appelle l'esprit Hugo et l'esprit Pratt." La recette d'un bon Corto Maltese demande ainsi "de la littérature, cachée, découverte, reprise" parce qu'il est "le seul à avoir maintenu un tel rythme."
Hugo Pratt avait aussi une forte culture militaire. "Parce qu'il était soldat," confirme Jean-Claude Guilbert. "C'était le plus jeune soldat du monde. A l'âge de 13 ans, il était en uniforme" , en Ethiopie dans l'armée italienne. Par contre, "il n'était ni un individualiste, ni un homme de société". "Alain Borer, le spécialiste de Rimbaud, a su bien le désigner : 'Pratt ne s'intéressait qu'aux gens qu'il pouvait dessiner' ".
Pour Benoît Mouchart, le directeur éditorial BD chez Casterman, "Corto a dit dans un de ses albums : "je n'ai pas encore décidé de la date de ma mort". Il n'est donc jamais mort. La chance qu'a Casterman et Patrizia Zanotti l'ayant droit, c'est que l'on a pu choisir la date de son retour." Un retour facilité par le dessinateur lui-même. Hugo Pratt "considérait qu'il avait créé un mythe et une fiction populaire. Un créateur pouvait s'emparer d'une matrice très forte et c'est le cas de ce nouvel album de Juan Díaz Canales et Rubén Pellejero qui sont deux auteurs espagnols."
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