Cet article date de plus de neuf ans.

L’Hermine

En salle le 18 novembre 2015
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
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Synopsis

Michel Racine est un Président de Cour d’Assises redouté. Aussi dur avec lui qu’avec les autres, on l’appelle « le Président à deux chiffres ». Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir juger un homme accusé d’homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu’il ait jamais aimée.

ENTRETIEN AVEC CHRISTIAN VINCENT SCÉNARISTE ET RÉALISATEUR

Pourquoi avoir choisi Sidse Babett Knudsen pour interpréter le rôle de Ditte ?

C. V. : Pendant que j’écrivais le scénario, je n’avais aucune idée de l’actrice à qui je pourrais confier le rôle. Des noms tournaient dans ma tête, mais aucun ne me convainquait. De qui Michel Racine – Fabrice Luchini – aurait-il pu tomber amoureux quelques années auparavant ? Je séchais. Je ne voyais personne. A l’époque, Arte diffusait la saison 3 de BORGEN et je ne manquais aucun des épisodes. J’adorais l’actrice. Je la trouvais à la fois sexy et virile. Elle me faisait penser aux héroïnes des films de John Ford. Et puis un jour de désœuvrement, je « tape » son nom sur Google. Un lien me renvoie à un entretien qu’elle donne à Arte. Je découvre alors qu’elle parle couramment français. Dans la minute, j’appelle mon producteur pour lui dire que j’ai trouvé l’actrice.

Il incarne son rôle de magistrat avec sobriété. L’avez-vous dirigé dans ce sens ?

C. V. : Ça n’était pas nécessaire. Fabrice est un acteur aux antipodes de la méthode « actor’s studio » et de toutes les techniques qui prônent l’introspection, la recherche psychologique ou l’identification. Néanmoins, avant que nous ne commencions à tourner, il a voulu rencontrer le Président de Cour d’Assises qui m’avait accueilli à deux reprises. Un jour, il est donc venu au Palais de Justice de Paris pour assister à une demi-journée de procès. Il a vu la sobriété avec laquelle le Président dirigeait son procès. Pas un mot plus haut que l’autre.

Au bout d’une heure, il avait compris.

Que représente ce film pour vous ?

C. V. : Il y a encore assez peu de temps, quand on me demandait pourquoi je faisais des films, je répondais que c’était le métier qui m’offrait le meilleur emploi du temps possible… L’alternance entre les périodes d’écriture solitaire, l’excitation des tournages pendant lesquels il faut entraîner derrière soi une armée de collaborateurs, la remise en cause personnelle du montage… Des moments de doute, des moments d’euphorie. Aujourd’hui, quand on me demande pourquoi je filme, je réponds que c’est pour filmer mon pays, et cela dans la diversité de ses territoires, de ses langues et de ses cultures. Si j’ai décidé de tourner dans un Palais de Justice, c’est pour cette raison-là. Un procès d’assises, c’est un des rares endroits de la société où toutes les paroles se croisent, où toutes les cultures cohabitent et où toutes les classes sociales se frottent. Le contraire de l’entre soi.

 

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ENTRETIEN AVEC FABRICE LUCHINI

Comment avez-vous réagi en apprenant que le festival de Venise vous décernait le prix du meilleur acteur ?

Je n’y croyais pas. Le jury était composé de cinéastes pointus et internationaux. Je mesure le privilège d’avoir été choisi par mes pairs. Par ailleurs mon père était italien, ce qui donne à cette récompense un écho particulier. En revanche, et même si je ne boude pas mon plaisir bien sûr, pour moi, la véritable récompense reste lorsque le public vient voir les films.

Qu’est-ce qui vous a plu chez Michel Racine, le personnage que vous interprétez ?

Qu’il soit désagréable ! On le surnomme le magistrat à deux chiffes parce qu’il ne condamne jamais à moins de dix ans. J’aime les personnages qui ne suscitent a priori pas la compassion, qui ne sont pas dans le compassionnel mécanique. On vit une époque de compassion globale. Tout le monde est censé être merveilleux, sympa… Ceci étant dit, mon personnage est un bon Président de Cour d’Assises. Méchant, mais dans son travail. Il incarne l’autorité mais ne cherche jamais à influencer le jury. Et puis il y a l’histoire d’amour, une histoire atypique ! Racine était tombé amoureux d’une anesthésiste qu’il retrouve par hasard dans le jury. Cette femme va l’illuminer, l’élever.

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Vous n’avez pas tourné avec Christian Vincent depuis 25 ans. Comment se sont passées les retrouvailles sur le plateau ?

J’ai retrouvé l’atmosphère du Café de la mairie de LA DISCRÈTE, la façon qu’a Christian de capter les histoires d’amour. Il a un sens aigu de l‘érotisation du rencart dans un café, dans cette tradition marivaudienne qu’on retrouve aussi chez Rohmer. Et moi je suis dans mon élément ! Mais depuis LA DISCRÈTE, Christian a élargi son spectre. Il veut filmer ses contemporains à la manière d’un Ken Loach. Et il y parvient très bien.

Aujourd’hui vos retrouvailles avec Christian Vincent sont saluées par deux prix à Venise (meilleur scénario, meilleur acteur). Hier, LA DISCRÈTE vous offrait votre premier succès public…

Christian Vincent et moi avons vécu un moment assez miraculeux il y a 25 ans. Dans les cours d’école, les ados reprenaient des répliques du film : T’as vu la fille ? Elle est immonde . Rohmer m’avait déjà aidé. Mais LA DISCRÈTE, c’était comme un Rohmer grand public. Avant, pendant 15 ans, ça ne marchait pas pour moi. J’étais grandiloquent pour certains, hystériques pour d’autres. On me trouvait trop efféminé. Avec LA DISCRÈTE, les défauts qu’on me reprochait sont tout-à-coup devenus des qualités. Ce film a changé ma vie.

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ENTRETIEN AVEC SIDSE BABETT KNUDSEN

Les spectateurs d’Arte vous connaissent grâce à BORGEN, la série danoise dans laquelle vous tenez le rôle principal. Mais c’est la première fois que vous tournez en France. Qu’est-ce qui vous a convaincu d’accepter le rôle ?

Christian Vincent est venu me voir à Copenhague avec son producteur Matthieu Tarot, une vraie boule d’énergie. Je n’avais pas encore donné ma réponse, mais ils m’ont dit : Ah… On est content que vous ayez dit oui (rires). Leur dynamisme m’a séduite. Le scénario aussi. Je trouvais l’histoire sentimentale originale. Entre Ditte et le magistrat, il y a comme un malentendu. Leur première rencontre était une histoire d’amour pour lui, mais pas pour elle. Et le rôle m’a plu. Il est positif. C’est agréable de jouer un personnage plein, qui n’est pas dans le besoin ou la quête de quelque chose. C’est la première fois qu’on me propose un tel rôle.

Comment s’est déroulée la collaboration avec Fabrice Luchini ?

On s’est très bien entendu. Je le respecte énormément. C’est un acteur qui prend ses responsabilités vis-à-vis de son personnage, de l’histoire, mais aussi de l’ambiance. Sur le plateau il ne peut pas s’empêcher de divertir. Dès que l’énergie retombe, il provoque et réveille l’assistance. Il est vraiment drôle. Ce qui a été également agréable, c’est que je me suis sentie comprise par lui. Ce qui n’est pas évident. Car je comprends assez bien le français mais je ne m’exprime pas toujours bien. Mon vocabulaire est pauvre mais Fabrice a tout saisi, même mon humour !

Que représente ce film pour vous ?

Je rêvais de tourner en France depuis longtemps. Et c’est la première fois que j’y reviens depuis 25 ans. Alors c’était beaucoup d’émotions. L’HERMINE m’a permis de démarrer avec un rôle qui contient peu de dialogues. C’était pratique. A présent, je me sens prête pour tourner d’autres films en France.

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En salle le 18 novembre 2015

 

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