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L’économie du couple

Un film de Joachim Lafosse avec Bérénice Bejo et Cédric Kahn
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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SYNOPSIS

Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent.

Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée.

À présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. À l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.

 

Extrait De L’entretien Avec Joachim Lafosse

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© Kris Dewitte

D’où est née l’idée du film ? Comment l’avez-vous écrit ?

L’idée est venue d’une rencontre avec Mazarine Pingeot et d’une envie de filmer le couple. Nous avions tous les deux le désir de montrer les émotions, très fortes, qui sous-tendent les conflits conjugaux et dont l’argent est très souvent le symptôme. Mazarine a l’habitude d’écrire en binôme avec une autre scénariste, Fanny Burdino. Je travaillais de mon côté avec Thomas van Zuylen. Elles faisaient une version et nous l’envoyaient. Nous la retravaillions et la leur renvoyions. Et ainsi jusqu’à la préparation du film. À partir de là, je n’ai plus travaillé qu’avec Thomas et les comédiens. En ce qui me concerne, l’écriture n’est vraiment terminée qu’une fois le film tourné. Pour être juste, il faut chercher et essayer en permanence ; et, surtout, réussir à se débarrasser des idées pour permettre l’incarnation. L’écriture doit aussi appartenir aux acteurs pour qu’ils puissent s’emparer du jeu avec justesse et le film ne serait pas ce qu’il est sans leur apport.

 

L’argent est-il le symptôme ou la cause de leurs conflits ? Boris, issu d’un milieu moins favorisé, n’a pas d’argent. Marie en a.

Dans un couple, l’argent représente ce sur quoi on peut se disputer : il n’en est pas la cause. Ce n’est pas à cause de lui que Boris et Marie n’arrivent plus à s’aimer. Derrière le sujet de discorde qu’il représente, il y a la manière dont l’un est reconnu ou ne l’est pas, celle dont il a envie que l’on reconnaisse ce qu’il a fait ou ce qu’il n’a pas fait. Il n’y a pas d’effort uniquement économique ou financier. Boris et Marie ne parviennent pas à s’entendre sur la manière dont ils auraient à reconnaître ce qu’ils se sont apportés l’un l’autre parce qu’ils n’ont pas eu la lucidité d’aborder concrètement et dès le début l’investissement de chacun dans leur couple. Les bons comptes font aussi les grandes histoires d’amour.

La situation de ce couple est d’autant plus douloureuse que, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger, le couple est obligé de continuer à cohabiter ensemble.

Il était impossible de ne pas tenir compte de cette réalité économique : le coût des loyers dans les grandes villes est devenu tel qu’énormément de gens mettent du temps à se séparer parce qu’ils ne parviennent pas à se reloger chacun de leur côté. Autrefois, on restait ensemble pour des raisons morales ; aujourd’hui, on le fait pour des raisons financières. Cela dit quelque chose sur notre époque…

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© Fabrizio_Maltese

Revenons aux enfants. Durant la scène de la danse puis du coucher, on sent qu’elles ont un immense plaisir à pouvoir dire « Papa, Maman » en même temps.

J’ai été un enfant du divorce mais je suis en même temps un père du divorce. C’est un atout pour envisager le possible et c’est aussi un inconvénient parce qu’on ne peut pas ne pas voir la tristesse que cette situation représente. Une séparation est toujours un échec. Mais le film laisse entrevoir qu’il y a du possible.

Malgré les conflits du couple, il circule en effet énormément de sentiments entre les deux personnages.

Oui, ce n’est pas un film tragique. Le tragique a peut-être longtemps été pour moi une manière de me défendre face à l’existence et je suis heureux de dévoiler cette tendresse qui anime les personnages ; ils se déchirent et, malgré tout, ils ont encore des choses à faire ensemble. Si le spectateur en arrive à se demander comment il est possible de dénouer ce type de situation avec l’envie de prendre soin de l’autre, j’aurai atteint mon but.

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© Fabrizio_Maltese

FILMOGRAPHIE

2016 L’ÉCONOMIE DU COUPLE avec Bérénice Bejo et Cédric Kahn

2015 LES CHEVALIERS BLANCS avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin, Valérie Donzelli et Reda Kateb

2012 À PERDRE LA RAISON avec Émilie Dequenne, Tahar Rahim et Niels Arestrup

2010 AVANT LES MOTS documentaire

2008 ÉLÈVE LIBRE avec Jonas Bloquet, Jonathan Zaccaï et Yannick Renier

2006 NUE PROPRIÉTÉ avec Isabelle Huppert, Jérémie Renier et Yannick Renier

2006 ÇA REND HEUREUX avec Fabrizio Rongione, Kris Cuppens et Catherine Salée

2004 FOLIE PRIVÉE avec Kris Cuppens, Catherine Salée et Mathias Wertz

 

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