Le tableau "L'Origine du monde" tagué à Metz : deux femmes mises en examen

Elles sont accusées d'avoir tagué cinq œuvres du Centre Pompidou-Metz, dont celle de Gustave Courbet, protégée par une vitre.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le tableau "L'Origine du monde", de Gustave Gourbet, exposé au musée Pompidou-Metz, dans le cadre d'une exposition, le 22 décembre 2023. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Cinq tableaux ont été visés. Accusées d'avoir tagué lundi ces œuvres exposées au Centre Pompidou-Metz (Moselle), dont L'Origine du monde de Gustave Courbet (1866), les artistes Eva Vocz et Laure Pépin ont été mises en examen, mardi 7 mai, "notamment pour dégradation en réunion d'un bien culturel et vol en réunion d'un bien culturel", a détaillé Yves Badorc, procureur de la République de Metz. Elles sont "placées sous contrôle judiciaire avec interdiction du département de la Moselle et interdiction de contact" entre elles.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'avocate d'Eva Vocz, regrette la mise en examen de sa cliente "de façon la plus sévère". "Eva Vocz et Laure Pépin interpellent Madame la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur les violences sexuelles subies par nombre de femmes dans l'industrie artistique", a fait savoir Dominique Beyreuther. "Ce geste pictural dans le cadre de la performance vient questionner les limites de la liberté de création des femmes. Il faut l'entendre comme un cri", a poursuivi l'avocate, argumentant en faveur du statut plus favorable de témoin assisté.

Si le tableau L'Origine du monde était protégé par une vitre, a confirmé le procureur de Metz, une des autres œuvres visées "pourrait avoir été atteinte dans son intégrité". "Cela sera à vérifier dans le cadre de l'information judiciaire", a poursuivi Yves Bardoc.

Une troisième artiste revendique un "geste de réappropriation"

L'artiste franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, dont une œuvre est exposée au musée Pompidou-Metz dans le cadre d'une exposition dédiée au psychanalyste Lacan, au côté de L'Origine du monde, a transmis lundi à l'AFP une vidéo de l'action menée plus tôt dans la journée. Sur ces images, on voit une femme taguer deux tableaux, puis scander le slogan "Me Too", utilisé à travers le monde pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles.

Evoquant sans la nommer la présence d'une troisième personne, qui n'a pas été interpellée, le procureur de Metz a par ailleurs déclaré qu'une œuvre d'Annette Messager, une broderie rouge sur tissu baptisée Je pense donc je suce, avait été volée. "Je me suis réapproprié la pièce d'Annette Messager dont le propriétaire est Bernard Marcadé, le curateur de l'exposition", a expliqué Deborah de Robertis sur son compte Instagram. "Je l'ai reconnue tout de suite, j'ai eu envie de vomir, car c'est celle qui est accrochée au-dessus de son lit conjugal", a déclaré Déborah de Robertis dans ce communiqué. "Je me suis souvenue des nombreuses fellations qu'il s'est permis de me demander comme si c'était son dû", a-t-elle poursuivi.

"Pour l'occasion, j'ai détourné son message initial 'on ne sépare pas la femme de l'artiste'. Je considère que cette œuvre est la mienne, il me la doit", a-t-elle ajouté.

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