Le philosophe italien Antonio Negri est mort à l'âge de 90 ans

L'intellectuel s'est engagé en politique dès le début des années 60, en Italie, pour "voir ce qui se passait dans les usines".
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le philosophe italien Toni Negri,  chez lui en 2011, à Paris. (ULF ANDERSEN / ULF ANDERSEN)

Antonio (dit Toni) Negri, philosophe et homme politique italien, s'est éteint dans la nuit du 15 au 16 décembre à Paris, rapporte Le Monde citant sa compagne, la philosophe française Judith Revel. Il avait 90 ans.

Toni Negri est une "figure importante de la contestation politique et sociale en Italie depuis les années 60, leader des mouvements d'extrême-gauche 'Potere Operaio' (Pouvoir ouvrier) et 'Autonomia Operaia' dans les années 70", rappelle-t-on sur le site de l'un de ses éditeurs, Calmann-Lévy. 

Né le 1er août 1933 à Padoue, dans l’Italie fasciste de Mussolini, "d’un père communiste disparu à la suite de violences infligées par une brigade fasciste, Toni Negri a eu une vie et une pensée profondément marquées par l’engagement", résume Philosophie Magazine.

La politique autrement 

"C’est à partir des années 60 que j’ai commencé à faire de la politique, d’une manière assez différente de ce que faisaient le parti et le mouvement ouvrier 'officiel' : il s’agissait d’aller voir ce qui se passait dans les usines (opéraïsme)", confiait-il en 2005 lors d'un entretien accordé à la revue Le Philosophoire.

En Italie, à la fin des années 70, il est accusé de "terrorisme et de complot contre l'Etat, accusations dont il sera acquitté en 1986", indique sa biographie publiée chez Calmann-Lévy. Incarcéré en avril 1979, il se réfugie en France "après quatre ans et demi de prison" grâce à son immunité de député obtenue lors de son élection en 1983 et qui lui permet d'être libéré.

Mais il la perdra très vite. Son exil français durera 14 ans. Le 1er juillet 1997, il se livre afin de "mettre un terme à son histoire judiciaire", précise Le Monde diplomatique pour qui il revenait, en 1998, sur l'Italie des années 70. Toni Negri recouvre la liberté en 2003, et se partage dès lors entre la France et son pays natal.

"Un rempart contre les dérives post-modernes"

Antonio Negri a enseigné, entre autres, à l'Université de Padoue, à l'Université de Paris VIII et à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. L'intellectuel militant est l'auteur de nombreux ouvrages de philosophie politique, notamment Marx au-delà de Marx (1979), L'Anomalie sauvage (1982), Spinoza subversif (1982), Le pouvoir constituant (1997) ou encore Empire (2000) et Multitude (2004), co-écrits avec l’Américain Michael Hardt, et proposant "une théorie politique ambitieuse du capitalisme globalisé". 

"Le nouveau marxisme de Negri est un rempart contre les dérives post-modernes, contre l’idée d’une fin de l’histoire et de la lutte des classes. Il s’oppose à la représentation de la domination capitaliste comme totale et absolue", résumait récemment Roberto Nigro dans son livre consacré au philosophe italien, Antonio Negri. Une philosophie de la subversion (Editions Amsterdam, 2023).



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