Le journaliste et écrivain italien Roberto Saviano, accusé de diffamation par Matteo Salvini, devant la justice
Le procès du journaliste d'investigation italien Roberto Saviano, accusé de diffamation par le vice-Premier ministre d'extrême droite Matteo Salvini, s'est ouvert mercredi à Rome, deux mois après celui intenté par la Première ministre Giorgia Meloni contre le célèbre écrivain antimafia.
Mercredi 1er février Roberto Saviano s'est dit devant le tribunal de Rome "la victime flagrante d'intimidation au travers de poursuites judiciaires", en procès "pour avoir exprimé publiquement mes opinions". L'affaire remonte à 2018, lorsque Saviano, connu pour son best-seller international sur la mafia Gomorra, avait décrit Salvini comme le "ministre de la mauvaise vie".
Roberto Saviano vit sous protection policière depuis qu'il a révélé dans Gomorra les secrets de la mafia napolitaine, la Camorra, en 2006. Mais lorsque Matteo Salvini avait pris le poste de ministre de l'Intérieur en juin 2018, il avait suggéré de lui ôter cette escorte.
"Salvini, ministre de la mauvaise vie", selon Saviano
L'écrivain avait alors réagi sur Facebook, qualifiant Matteo Salvini de "ministre de la mauvaise vie", une expression qui, selon lui, a été inventée par le politicien antifasciste Gaetano Salvemini pour décrire un système politique exploitant les électeurs du sud pauvre de l'Italie. Saviano avait accusé Salvini d'avoir profité des votes en Calabre (le talon de la Botte italienne) pour se faire élire sénateur, tout en trahissant la population locale en évitant d'attaquer la puissante mafia locale, la 'Ndrangheta.
Selon le journaliste, Matteo Salvini, patron de la Ligue antimigrants, avait ignoré les guerres de clans mafieux en Calabre, préférant s'attaquer aux migrants saisonniers de la région travaillant dans le secteur agricole. Roberto Saviano accuse le gouvernement d'extrême droite arrivé au pouvoir en octobre, fruit de l'alliance entre la Ligue et le parti Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni, de vouloir intimider ses détracteurs pour les faire taire.
Il est déjà poursuivi en justice depuis novembre par Giorgia Meloni, qu'il avait qualifiée de "bâtarde" en 2020 en commentant la mort d'un bébé de six mois lors du naufrage d'un navire de migrants. Giorgia Meloni a remporté les législatives de septembre après avoir promis de réduire massivement l'entrée des migrants en Italie.
Roberto Saviano encourt de six mois à trois ans de prison s'il est reconnu coupable dans ces deux affaires. L'Italie figure à 58ème place dans le classement des pays en fonction du respect de la liberté de la presse établi par l'ONG Reporters sans Frontières (RSF).
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