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La Collection Jonas Netter – Modigliani, Soutine et l'aventure de Montparnasse

Article rédigé par franceinfo
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Sur France Info dans "Sortir, écouter, voir", Claire Baudéan parle de l'actualité artistique et culturelle, mercredi, jeudi et vendredi à 05h40, 10h25, 15h25, 16h55, 23h55. (Ré)écoutez les chroniques du mercredi 4 avril consacrées à l'exposition :

La Pinacothèque poursuit son

exploration des grands collectionneurs avec la collection Jonas Netter

Jonas Netter, l'un des collectionneurs les plus marquants du XXè siècle , découvreur de talents inspiré qui fut d'une discrétion absolue
pendant toute sa vie au point qu'il est encore aujourd'hui inconnu du grand
public. Pourtant, sans lui, Modigliani n'aurait sans doute jamais existé, ni
Soutine, ni Utrillo. L'exposition lui rend aujourd'hui hommage en permettant au
public de découvrir un ensemble d'œuvres absolument étourdissant de beauté,
principalement de Modigliani. Il n'a pas été montré au public depuis plus de
soixante-dix ans et réapparaît aujourd'hui comme par magie, sorti d'un autre
monde.

Jonas Netter était un Alsacien , représentant en marques installé à Paris,
fasciné par l'art et la peinture. Ses moyens trop faibles à l'époque ne lui
permettent pas d'acheter des œuvres impressionnistes, pourtant ses favorites,
celles qu'il peut voir et admirer dans les galeries ou les musées. Toutefois,
sa passion pour l'art –lui-même est un mélomane brillant et un remarquable
pianiste– l'amène à s'intéresser à des artistes qui sont à sa portée financièrement. Il doit pour cela aller au devant des artistes, les
découvrir, les trouver. Pour cela, il s'associe à un personnage très original
du monde de l'art, un poète polonais, ou du moins qui se prétend l'être, qui
lui présente des œuvres d'artistes alors totalement inconnus mais qu'il peut se
permettre d'acheter. C'est ainsi qu'il découvre une toile de Modigliani et se
décide à l'acquérir. Il sera l'un des premiers à acheter des œuvres de cet
artiste, prenant la suite de Paul Alexandre qui l'avait soutenu jusque-là,
avant la Première Guerre mondiale. Collectionneur dans l'âme, Netter commence à
acheter toutes les œuvres de Modigliani qu'il voit chez Zborowski. Il se prend de
passion pour cet artiste dont il arrive à posséder une quarantaine de peintures
à la fin des années 1920.

Chaïm Soutine, La Folle, c. 1919, © Adagp, Paris 2012 © Photo:
Pinacothèque de Paris/Fabrice Gousset

Puis, c'est Soutine qu'il aperçoit. Avant même Barnes, il est fasciné par
Soutine. Lui, le juif alsacien bourgeois et discret, se prend d'une passion
sans borne pour tous ces artistes qui constituent l'école de Paris. Il découvre
également Utrillo, sa période blanche l'envoûte et il commence à en acheter par
dizaines également, toujours avec l'aide de Zborowski. Ce dernier se retrouve,
grâce à lui, à la tête d'un véritable marché nouveau et d'une pléiade
d'artistes jeunes qui se trouvent ainsi propulsés par cette nouvelle génération
de marchands et de collectionneurs.

Amedeo Modigliani, Portrait de Soutine,
1916, © Adagp,
Paris 2012, © Photo: Pinacothèque de Paris/Fabrice Gousset

Un monde nouveau du marché de l'art s'ouvre à cette période. Le milieu
installé des grands marchands parisiens, enrichis grâce aux impressionnistes
(Vollard, Durand-Ruel, Paul Rosenberg), va voir naître un nouveau milieu artistique avec un groupe de
peintres novateurs parmi lesquels ces artistes de l'école de Paris. Zborowski en sera le principal diffuseur avec,
autour de lui, d'autres marchands importants qui apparaissent à ce moment là,
notamment Paul Guillaume. Il s'agit également de collectionneurs nouveaux comme
Barnes, Dutilleul et celui qui, jusqu'à ce jour, avait pris le parti de rester
dans l'ombre mais qui sans doute fut le plus important de tous: Jonas Netter. Valadon et Kisling feront également
partie de ces peintres, ainsi que beaucoup d'autres : Kremègne, Kikoïne,
Hayden, Ébiche, Antcher et Fournier.

Mais ce sont sans doute les œuvres de Modigliani qui, chez Netter, sont les
plus marquantes. Sans la moindre hésitation, il achète des travaux du jeune
maître italien par dizaines avec une délectation et une jouissance rare, sous
les quolibets de tout son entourage qui le traite de fou et lui reproche
d'acheter " des horreurs pareilles ". Lui, croit en ses artistes. Il y croit
tellement que, quand il revend quelques-unes de ses toiles dès le début des
années folles, ce sera non pas pour faire des plus-values, mais pour faire
connaître les artistes. On le verra ainsi vendre sept Modigliani à l'un de ses
correspondants en Argentine parce qu'il pense que c'est important de faire connaître
le peintre sur un autre continent, en Amérique du Sud.

Visitez également le site de la Pinacothèque.

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