: Vidéo Jeux vidéo : comment les historiens ont réussi à reconstituer Bagdad dans "Assassin's Creed Mirage"
"En tant qu'historien, je n'aurais jamais imaginé que j'aurais pu cumuler mon amour pour les jeux et la recherche". Thierry Noël est un enseignant que l'on aimerait avoir croisé dans son parcours scolaire. Après avoir enseigné de la 6e à la terminale au lycée franco-bolivien de La Paz, il est devenu historien à plein temps au sein d'Ubisoft, le studio tricolore qui signe Assassin's Creed Mirage, dernier opus d'une saga qui compte plus de 200 millions de joueurs à travers la planète. Cet épisode offre une exploration de Bagdad, au IXe siècle, et propose d'incarner une nouvelle fois Basim souhaitant devenir un assassin confirmé.
Pour reconstituer la cité, ses dômes, ses palais, le grand bazar ou le port, Thierry Noël et son équipe se sont plongés dans les données archéologiques et rencontré des universitaires afin de livrer aux équipes créatives les éléments nécessaires à la modélisation la plus crédible de Bagdad. "L'époque que nous avons choisie pour le jeu est importante : un moment de chaos politique et social intense avec des conspirations en tout genre dans une ville qui est alors un cœur économique mondial", précise l'historien à franceinfo. Tout ce qu'il fallait pour la réussite d'Assassin's Creed Mirage.
La justesse jusque dans les tissus et les briques
Chaque détail compte. "La vieille ville a disparu dans une mise à sac au XIIIe siècle donc il a fallu trouver les rares sources écrites, les descriptions... Nous nous sommes aussi posé la question des tissus, des matériaux. C'est une ville en brique crue donc ça nous donne des indications, poursuit le passionné. Quand on n'a pas d'informations pour reconstituer à l'identique, on essaie d'être le plus authentique possible. On va jusqu'à ce que l'on peut trouver sur les étals d'un marché à la manière de s'habiller en différenciant les différentes origines présentes au IXe siècle." Le scénario se mêle à la grande histoire, les deux stars du jeu qu'il devient difficile de dissocier.
Le titre permet également une découverte de Bagdad et de ses lieux sans avoir à assommer un gardien ou à voler la bourse d'un marchand. "Il peut d'ailleurs être un support d'enseignement dynamique, bien sûr en étant accompagné par le travail d'un professeur. Est-ce qu'il peut susciter des vocations d'historien ou d'archéologue ? Je l'espère", conclut Thierry Noël. Pour la sortie du jeu, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a fait le déplacement dans les studios d'Ubisoft. Gage de reconnaissance d'une industrie culturelle exigeante, qui rayonne et dépasse aujourd'hui en chiffre d'affaires le cinéma et la musique réunis.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.